Bilan des observations de la migration transpyrénéenne des palombes (Columba palumbus) de 1999 à 2001
Valérie Cazalis

Depuis 20 ans, les Fédérations Départementales des Chasseurs effectuent un suivi de la migration transpyrénéenne des Colombidés. Depuis trois ans, ce travail sous l’égide du Groupe d’Investigation International sur la Faune Sauvage (GIIFS) regroupe des professionnels des Fédérations d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées et d’Euskadi. Cinq postes d’observation ont été mis en place pour contrôler la migration sur la partie occidentale des Pyrénées. Une étude précédente a permis de préciser que 82 à 84 % de la migration s’effectuait sur ce secteur. Les chiffres d’oiseaux observés en migration ont ensuite été comparés avec le nombre d’oiseaux hivernants observés sur la Péninsule Ibérique.

1. MIGRATION DES PALOMBES

Le phénomène a été décrit (Région Cynégétique du Sud Ouest, 1990) comme brusque et rapide dans le temps concentré dans l’espace entre la côte Atlantique et les premiers contreforts pyrénéens (Pic d’Orhy).

2. SITES D’OBSERVATION

Poste d’Urrugne : c’est le point d’observation le plus à l’ouest au bord de l’océan Atlantique. Son champ de vision s’étend sur une bande de 10 000 mètres de large.

Poste de Sare : situé à l’est du massif de la Rhune à 400 mètres d’altitude, ce point d’observation est au centre d’un cirque dans les sommets culminant à 900 mètres. Son champ de vision est de 3000 mètres de large.

Poste de Banca : situé dans la vallée de Baïgorry à une altitude de 800 mètres, ce poste d’observation est séparé du précédent par les massifs de l’Artzamendi (920 mètres) et d’Iparla (950 mètres). La vallée est très encaissée dans sa partie nord. Le champ de vision est de 2 000 mètres de large environ.

Poste d’Arnéguy : situé dans la vallée d ‘Arnéguy à une altitude de 800 mètres, son champ de vision est de 2 000 mètres de large.

Pic d’OrhyPoste d’Iraty : le poste d’observation est situé à 1 600 mètres d’altitude au fond de la vallée de la Soule, longue de 27 kilomètres. Les bordures de ce couloir sont formées de massifs culminants à 2015 mètres d’altitude (Pic d’Orhy). Ce poste est le plus à l’est de la principale zone de passage migratoire.

3. MATERIEL ET METHODE

3.1 Matériel
La difficulté des conditions climatiques, la durée journalière des observations ne doit provoquer aucune faiblesse dans les résultats. Ainsi, seul un personnel conscient des difficultés et véritablement motivé par cette tâche, doit être retenu par les responsables de l’opération et la Commission Technique fédérale. Pour que l’opération soit réalisée dans des conditions optimales, une formation minimum accompagnée d’une initiation aux méthodes de dénombrement et d’estimation est nécessaire. Afin d’obtenir des éléments de comparaison plus fiables, les mêmes participants reviennent plusieurs fois.

Les participants sont équipés de paires de jumelles, d’appareils photo, d’imprimés, de documentation, d’un anémomètre, d’un thermomètre, de talkies-walkies et d’un télescope, bien que son utilisation reste aléatoire sauf pour quelques cas précis d’identification d’espèce.

Des postes d’observation ont été construit afin d’améliorer les conditions de travail dans ces lieux particulièrement exposés aux mauvaises conditions météorologiques. Ils utilisent pour les dénombrements des fiches (fiche journalière d’identification et de dénombrement, fiche journalière de publication de résultats pour une information locale, fiche hebdomadaire de synthèse des résultats de la semaine, fiche hebdomadaire météorologique).

3.2 Méthode
Le but recherché est d’effectuer un suivi et d’étudier les fluctuations des effectifs de palombes migratrices sur un territoire d’observation déterminé, pendant une période donnée dans des conditions analogues durant plusieurs années. Il ne s’agit pas uniquement d’un dénombrement ou d’une estimation d’une population, il s’agit surtout d’une étude de la migration à long terme.

La période d’observation s’étale sur 5 semaines, du 7 octobre au 10 novembre. L’observation débute au lever du jour (vers 7 H du matin) pour se terminer au coucher du soleil (vers 17 H). En général, la migration ne se prolonge guère au-delà de 17 H cependant, les jours de fort passage, les observateurs restent sur place un peu plus tard. Les conditions météorologiques peuvent influencer sur la durée de l’observation. Plusieurs équipes d’observation sont constituées et chacune d’entre elles comprend 4 personnes minimums. Les 4 personnes travaillent 7 jours consécutifs et très souvent les mêmes observateurs participent une deuxième fois dans le courant du mois.

Pour déterminer l’effectif d’un vol, 2 méthodes sont possibles :

  • Dénombrement individuel où l’on compte chaque oiseau (dans ce cas l’erreur reste faible).

  • Estimation d’effectif où l’on dénombre une partie du vol et on multiplie par autant de parties identiques contenues dans le vol.

4. RESULTATS

4.1 Résultats de la saison 1999
Les comptages ont débuté sur l’ensemble des postes le 07 octobre 1999 et se sont achevés le 10 novembre 1999 pour tous les postes excepté pour le poste d’Iraty où les comptages ont été arrêtés le 05 novembre 1999. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation donne un effectif approximatif de passage de 2 795 626 palombes en 7 143 vols.

Iraty

Les dates correspondant aux jours de plus fort passage sont :

    • le 16/10/99 avec 108 197 palombes (soit 3,9 % de la migration totale),

    • le 26/10/99 avec 1 532 721 palombes (soit 54,8 % de la migration totale),

    • le 27/10/99 avec 375 006 palombes (soit 13,4 % de la migration totale),

    • le 04/11/99 avec 358 794 palombes (soit 12,8 % de la migration totale).

On a donc 4 pics de migration pour l’année 1999, avec 2 pics supérieurs à 200 000 palombes et un pic supérieur à 1 500 000 palombes. Au total, sur ces 4 pics, il a été observé 2 374 718 palombes soit 85 % de l’effectif total réel de passage.

4.2 Résultats de la saison 2000
Les comptages ont début sur l’ensemble des postes le 09 octobre 2000 et se sont achevés le 08 novembre 2000 pour tous les postes excepté pour le poste d’Iraty où les comptages ont été arrêtés le 01 novembre 2000. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation donne un effectif approximatif de passage de 1 556 987 palombes.

Les dates correspondant aux jours de plus fort passage sont :

    • le 19/10/00 avec 274 420 palombes (soit 17,6 % de la migration totale),

    • le 23/10/00 avec 495 948 palombes (soit 31,8 % de la migration totale),

    • le 25/10/00 avec 193 835 palombes (soit 12,4 % de la migration totale),

    • le 28/10/00 avec 292 724 palombes (soit 18,8 % de la migration totale).

On a donc 4 pics de migration pour l’année 2000, avec 3 pics supérieurs à 200 000 palombes et un pic inférieur à 200 000 palombes. Au total, sur ces 4 pics, il a été observé 1 256 927 palombes soit 80,7 % de l’effectif total réel de passage.

4.3 Résultats de la saison 2001
Columba palumbusLes comptages ont débuté sur l’ensemble des postes le mardi 09 octobre 2001 et se sont achevés le mercredi 06 novembre 2001 pour tous les postes excepté pour le poste d’Iraty où les comptages ont été arrêtés la semaine précédente soit le mercredi 31 octobre 2001. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation donne un effectif approximatif de passage de 1 828 783 palombes en 8 104 vols.

Les dates correspondant aux jours de plus fort passage sont :

    • le 11/10/01 avec 67 376 palombes (soit 3,7 % de la migration totale),

    • le 16/10/01 avec 223 442 palombes (soit 12,2 % de la migration totale),

    • le 22/10/01 avec 191 787 palombes (soit 10,5 % de la migration totale),

    • le 25/10/01 avec 269 775 palombes (soit 14,7 % de la migration totale),

    • le 29/10/01 avec 82 839 palombes (soit 4,5 % de la migration totale),

    • le 02/11/01 avec 265 781 palombes (soit 14,5 % de la migration totale).

On a donc 6 pics de migration pour l’année 2001, avec 3 pics supérieurs à 200 000 palombes correspondant aux pics des années précédentes. Les 3 autres pics de migration sont passés entre 3 et 5 jours avant les grands pics de migration. Au total, sur ces 6 pics, il a été observé 1 101 000 palombes soit 60,1 % de l’effectif total réel de passage.

5. CONCLUSION

Trois années ne suffisent pas pour conclure de manière précise sur la migration de l’oiseau. Quoiqu’il en soit, si l’on compare les chiffres des oiseaux observés en migration et les chiffres des premiers comptages en hivernage sur la Péninsule Ibérique, nous remarquons une certaine corrélation.

 

Saison 1999

Saison 2000

Saison 2001

Effectifs palombes migrantes sur les Pyrénées

2 655 815

1 463 496

1 744 569

Effectifs palombes hivernantes en Péninsule Ibérique

2 565 444

2 200 000

2 472 390

Avec deux méthodes de recensement différentes, nous pouvons mieux cerner la population de colombidés passant les Pyrénées à un nombre compris entre 2,5 millions et 3 millions d’oiseaux si nous tenons compte de la sous-évaluation (30 %) des estimations et des quelques oiseaux qui peuvent passer dans les Pyrénées Centrales et Orientales.

De manière générale, les effectifs ont tendance à migrer de plus en plus vers l’ouest des Pyrénées.


Valérie Cazalis, GIIFS
Photos: (Pic d’Orhy) http://www.bearn-online.com/tourisme/pyrenees/baretous.htm
(Columba palumbus) http://hjem.get2net.dk/birds_of_denmark/more_birds_8.htm

Euskonews & Media 184.zbk (2002 / 10 / 18-25)

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