Depuis
20 ans, les Fédérations Départementales des
Chasseurs effectuent un suivi de la migration transpyrénéenne
des Colombidés. Depuis trois ans, ce travail sous l’égide
du Groupe d’Investigation International sur la Faune Sauvage (GIIFS)
regroupe des professionnels des Fédérations d’Aquitaine
et de Midi-Pyrénées et d’Euskadi. Cinq postes d’observation
ont été mis en place pour contrôler la migration
sur la partie occidentale des Pyrénées. Une étude
précédente a permis de préciser que 82 à
84 % de la migration s’effectuait sur ce secteur. Les chiffres
d’oiseaux observés en migration ont ensuite été
comparés avec le nombre d’oiseaux hivernants observés
sur la Péninsule Ibérique.
1. MIGRATION DES PALOMBES
Le phénomène
a été décrit (Région Cynégétique
du Sud Ouest, 1990) comme brusque et rapide dans le temps concentré
dans l’espace entre la côte Atlantique et les premiers contreforts
pyrénéens (Pic d’Orhy).
2. SITES D’OBSERVATION
Poste d’Urrugne :
c’est le point d’observation le plus à l’ouest au bord
de l’océan Atlantique. Son champ de vision s’étend
sur une bande de 10 000 mètres de large.
Poste de Sare :
situé à l’est du massif de la Rhune à 400
mètres d’altitude, ce point d’observation est au centre d’un
cirque dans les sommets culminant à 900 mètres. Son
champ de vision est de 3000 mètres de large.
Poste de Banca :
situé dans la vallée de Baïgorry à
une altitude de 800 mètres, ce poste d’observation est séparé
du précédent par les massifs de l’Artzamendi (920
mètres) et d’Iparla (950 mètres). La vallée
est très encaissée dans sa partie nord. Le champ de
vision est de 2 000 mètres de large environ.
Poste d’Arnéguy :
situé dans la vallée d ‘Arnéguy à
une altitude de 800 mètres, son champ de vision est de 2
000 mètres de large.
Poste
d’Iraty : le poste d’observation est situé à
1 600 mètres d’altitude au fond de la vallée de la
Soule, longue de 27 kilomètres. Les bordures de ce couloir
sont formées de massifs culminants à 2015 mètres
d’altitude (Pic d’Orhy). Ce poste est le plus à l’est de
la principale zone de passage migratoire.
3. MATERIEL ET METHODE
3.1 Matériel La difficulté des
conditions climatiques, la durée journalière des observations
ne doit provoquer aucune faiblesse dans les résultats. Ainsi,
seul un personnel conscient des difficultés et véritablement
motivé par cette tâche, doit être retenu par
les responsables de l’opération et la Commission Technique
fédérale. Pour que l’opération soit réalisée
dans des conditions optimales, une formation minimum accompagnée
d’une initiation aux méthodes de dénombrement et d’estimation
est nécessaire. Afin d’obtenir des éléments
de comparaison plus fiables, les mêmes participants reviennent
plusieurs fois.
Les participants sont
équipés de paires de jumelles, d’appareils photo,
d’imprimés, de documentation, d’un anémomètre,
d’un thermomètre, de talkies-walkies et d’un télescope,
bien que son utilisation reste aléatoire sauf pour quelques
cas précis d’identification d’espèce.
Des postes d’observation
ont été construit afin d’améliorer les conditions
de travail dans ces lieux particulièrement exposés
aux mauvaises conditions météorologiques. Ils utilisent
pour les dénombrements des fiches (fiche journalière
d’identification et de dénombrement, fiche journalière
de publication de résultats pour une information locale,
fiche hebdomadaire de synthèse des résultats de la
semaine, fiche hebdomadaire météorologique).
3.2 Méthode Le but recherché est
d’effectuer un suivi et d’étudier les fluctuations des effectifs
de palombes migratrices sur un territoire d’observation déterminé,
pendant une période donnée dans des conditions analogues
durant plusieurs années. Il ne s’agit pas uniquement d’un
dénombrement ou d’une estimation d’une population, il s’agit
surtout d’une étude de la migration à long terme.
La période d’observation
s’étale sur 5 semaines, du 7 octobre au 10 novembre. L’observation
débute au lever du jour (vers 7 H du matin) pour se terminer
au coucher du soleil (vers 17 H). En général, la migration
ne se prolonge guère au-delà de 17 H cependant, les
jours de fort passage, les observateurs restent sur place un peu
plus tard. Les conditions météorologiques peuvent
influencer sur la durée de l’observation. Plusieurs équipes
d’observation sont constituées et chacune d’entre elles comprend
4 personnes minimums. Les 4 personnes travaillent 7 jours consécutifs
et très souvent les mêmes observateurs participent
une deuxième fois dans le courant du mois.
Pour déterminer
l’effectif d’un vol, 2 méthodes sont possibles :
-
Dénombrement
individuel où l’on compte chaque oiseau (dans ce cas
l’erreur reste faible).
-
Estimation d’effectif
où l’on dénombre une partie du vol et on multiplie
par autant de parties identiques contenues dans le vol.
4. RESULTATS
4.1 Résultats
de la saison 1999 Les comptages ont débuté
sur l’ensemble des postes le 07 octobre 1999 et se sont achevés
le 10 novembre 1999 pour tous les postes excepté pour le
poste d’Iraty où les comptages ont été arrêtés
le 05 novembre 1999. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation
donne un effectif approximatif de passage de 2 795 626 palombes
en 7 143 vols.

Les dates correspondant
aux jours de plus fort passage sont :
-
le 16/10/99 avec
108 197 palombes (soit 3,9 % de la migration
totale),
-
le 26/10/99 avec
1 532 721 palombes (soit 54,8 % de la
migration totale),
-
le 27/10/99 avec
375 006 palombes (soit 13,4 % de la migration
totale),
-
le 04/11/99 avec
358 794 palombes (soit 12,8 % de la migration
totale).
On a donc 4 pics de
migration pour l’année 1999, avec 2 pics supérieurs
à 200 000 palombes et un pic supérieur à 1
500 000 palombes. Au total, sur ces 4 pics, il a été
observé 2 374 718 palombes soit 85 % de l’effectif total
réel de passage.
4.2 Résultats
de la saison 2000 Les comptages ont début
sur l’ensemble des postes le 09 octobre 2000 et se sont achevés
le 08 novembre 2000 pour tous les postes excepté pour le
poste d’Iraty où les comptages ont été arrêtés
le 01 novembre 2000. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation
donne un effectif approximatif de passage de 1 556 987 palombes.
Les dates correspondant
aux jours de plus fort passage sont :
-
le 19/10/00 avec
274 420 palombes (soit 17,6 % de la migration
totale),
-
le 23/10/00 avec
495 948 palombes (soit 31,8 % de la migration
totale),
-
le 25/10/00 avec
193 835 palombes (soit 12,4 % de la migration
totale),
-
le 28/10/00 avec
292 724 palombes (soit 18,8 % de la migration
totale).
On a donc 4 pics de
migration pour l’année 2000, avec 3 pics supérieurs
à 200 000 palombes et un pic inférieur à 200
000 palombes. Au total, sur ces 4 pics, il a été observé
1 256 927 palombes soit 80,7 % de l’effectif total réel de
passage.
4.3 Résultats
de la saison 2001
Les
comptages ont débuté sur l’ensemble des postes le
mardi 09 octobre 2001 et se sont achevés le mercredi 06
novembre 2001 pour tous les postes excepté pour le poste
d’Iraty où les comptages ont été arrêtés
la semaine précédente soit le mercredi 31 octobre
2001. Le bilan du comptage sur les cinq postes d’observation donne
un effectif approximatif de passage de 1 828 783 palombes en 8
104 vols.
Les dates correspondant
aux jours de plus fort passage sont :
-
le 11/10/01 avec
67 376 palombes (soit 3,7 % de la migration totale),
-
le 16/10/01
avec 223 442 palombes (soit 12,2 % de
la migration totale),
-
le 22/10/01 avec
191 787 palombes (soit 10,5 % de la migration totale),
-
le 25/10/01
avec 269 775 palombes (soit 14,7 % de
la migration totale),
-
le 29/10/01 avec
82 839 palombes (soit 4,5 % de la migration totale),
-
le 02/11/01
avec 265 781 palombes (soit 14,5 % de
la migration totale).
On a donc 6 pics de
migration pour l’année 2001, avec 3 pics supérieurs
à 200 000 palombes correspondant aux pics des années
précédentes. Les 3 autres pics de migration sont passés
entre 3 et 5 jours avant les grands pics de migration. Au total,
sur ces 6 pics, il a été observé 1 101 000
palombes soit 60,1 % de l’effectif total réel de passage.
5. CONCLUSION
Trois années
ne suffisent pas pour conclure de manière précise
sur la migration de l’oiseau. Quoiqu’il en soit, si l’on compare
les chiffres des oiseaux observés en migration et les chiffres
des premiers comptages en hivernage sur la Péninsule Ibérique,
nous remarquons une certaine corrélation.
|
Saison
1999 |
Saison
2000 |
Saison
2001 |
Effectifs palombes
migrantes sur les Pyrénées |
2 655 815 |
1 463 496 |
1 744 569 |
Effectifs palombes
hivernantes en Péninsule Ibérique |
2 565 444 |
2 200 000 |
2 472 390 |
Avec deux méthodes
de recensement différentes, nous pouvons mieux cerner la
population de colombidés passant les Pyrénées
à un nombre compris entre 2,5 millions et 3 millions d’oiseaux
si nous tenons compte de la sous-évaluation (30 %) des estimations
et des quelques oiseaux qui peuvent passer dans les Pyrénées
Centrales et Orientales.
De manière générale,
les effectifs ont tendance à migrer de plus en plus vers
l’ouest des Pyrénées. Valérie Cazalis, GIIFS
Photos: (Pic d’Orhy) http://www.bearn-online.com/tourisme/pyrenees/baretous.htm
(Columba palumbus) http://hjem.get2net.dk/birds_of_denmark/more_birds_8.htm |