Le Président José Antonio de Aguirre (1904-1960)

Jean-Claude Larronde

Il n’a pas été donné à José Antonio de Aguirre de voir le bout du tunnel de la longue nuit franquiste. Comme beaucoup de ses compatriotes, il est mort en exil. Le 22 mars 1960, alors qu’il n’était âgé que de 56 ans, il décédait subitement à Paris. Un nouveau coup du sort s’abattait sur les Basques qui perdaient le défenseur intraitable de leur liberté, celui qui incarnait leur unité et leur espoir, face à la dictature.

Lorsqu’il s’éteignit, cela faisait déjà 30 ans qu’il luttait pour l’identité du peuple basque, ce peuple résistant dont il était devenu le symbole.
C’est en effet depuis l’année 1931 – lorsque s’ouvrirent les espérances nées de l’avènement de la Seconde République dans l’Etat espagnol – que José Antonio de Aguirre avait pris la tête d’un puissant mouvement politique de renaissance basque. Il fut le leader incontesté de la lutte pour le Statut d’Autonomie et à ce titre fut élu à 3 reprises député (en 1931, 1933 et 1936) pour le PNV. Lorsque ce Statut fut obtenu – mais seulement deux mois et demi après le début de la guerre civile – il fut élu le 7 octobre 1936, à peine âgé de 32 ans, Président du Gouvernement Basque qui rassemblait tout l’éventail des partis politiques opposés à Franco. C’est au Président Aguirre que revint le devoir de conduire les opérations de guerre contre la rébellion franquiste, cette dernière aidée par les troupes fascistes de Mussolini et les techniciens et aviateurs hitlériens.

Cette tâche, il sut la conduire avec acharnement, galvanisant les troupes basques qui combattaient seules, sans beaucoup d’armes et surtout sans avions face à la puissante armée ennemie. Lorsque tout fut perdu sur le terrain, José Antonio de Aguirre, au beau milieu du repli dans la province de Santander, convoquera un musicien renommé pour lui ordonner de prendre la tête d’un chœur basque qui fera entendre de par le monde le message de paix et d’espoir de l’âme basque. Et ce fut Eresoinka ! Extraordinaire attitude qui dénote une force de caractère hors du commun !

Ce fut ensuite la poursuite de la lutte en Catalogne et l’exil. L’exil mais non l’abattement, ni l’abandon du combat. Chaque année dans ses messages annuels aux Basques, José Antonio de Aguirre leur insufflait un peu de son indestructible optimisme. Et ce malgré les défections des Alliés qui bientôt, dans le contexte de la guerre froide, virent en Franco un rempart dans leur nouvelle lutte contre le communisme. Dans l’exil, le Président Aguirre acquerra une stature de leader politique à l’échelle européenne ; ne traitait-il pas d’égal à égal avec Georges Bidault, de Gasperi ou Adenauer ? Les Statuts de l’Internationale des partis démocrates-chrétiens européens ne furent-ils pas adoptés en 1948 dans les locaux de « l’ambassade » basque du 11 Avenue Marceau à Paris ?

Il faut lire et relire les livres et les messages du Président Aguirre ; ils révèlent un homme d’Etat, certes, mais aussi un homme tout court, qui fut à la fois profondément basque, profondément chrétien et profondément démocrate.

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