Joana
POCHELU
Traducteur: Joana POCHELU
Jatorrizko bertsioa euskaraz
Dans la méthode critique du domaine littéraire, la génétique textuelle est l’un des seuls mouvements novateurs des trente dernières années. Qu’est-ce que la critique génétique ? Son principe est celui d’une attention aussi grande que possible au travail de l’écrivain, à ses gestes, ses émotions, ses incertitudes : ce qu’elle propose c’est de redécouvrir le texte de l’œuvre à travers la succession des esquisses et des rédactions qui lui ont donné naissance et qui l’ont conduit à sa forme définitive.
Eñaut Etxamendi. 1992. |
Son projet est donc d’interpréter les manuscrits littéraires dans le but d’élucider de l’intérieur le travail de l’écrivain, le processus de l’écriture et la genèse des œuvres, sans accorder un statut privilégié au texte final dans lequel on pourra, lorsqu’il existe, ne voir qu’un dérivé ultime des précédentes métamorphoses ou une entité extérieure à la sphère de l’avant texte.
Ecrivain et chanteur d’expression basque, Eñaut Etxamendi écrit dans son dialecte de Garazi, sur le monde paysan et sur son enfance passée à la montagne: Elurra zikindurik, Azken elurra (1975), Laminak, Urtzoak, Aurora (1985), Gilentegiko Gilen, Gipuzkoako kutxa, 1988, Orbaizetako neskatxa.
Les dossiers génétiques que nous avons étudiés sont : Eiherzaintsaren auhena, Gudarien eguna, Izaiak et Orbaizetako neskatxa. Après avoir transcrit chaque page manuscrite, nous avons procédé à l’inventaire et à la description des pièces, pour enfin, analyser leur genèse.
Que dire de ce que l’on apprend de ces quatre dossiers ? Par exemple, que lorsqu’il écrit des poèmes, Etxamendi couche sur le papier un premier jet auquel il apporte des changements après une relecture. D’autre part, nous avons remarqué également que lorsqu’il y a une partition sur le manuscrit, celle-ci est écrite avant le texte.
Mais pour pouvoir affirmer que cette procédure d’écriture est systématique chez cet auteur, il faudrait analyser d’autres de ses brouillons.
L’intérêt de cette analyse est de faire connaissance avec la génétique des textes, afin que les écrivains, les chercheurs et le public, se rendent compte de l’importance des manuscrits de travail. Il est vrai que de nombreux œuvres ont été analysés selon différentes méthodes mais très peu selon la critique génétique. Le but donc, est d’approfondir cette méthode critique au Pays Basque. Le procédé permettant à la littérature d’expression basque de s’ouvrir à la génétique textuelle, est déjà mis en place, puisque à la faculté de Bayonne, dans le domaine des Etudes Basques, Aurelia Arcocha Scarcia dirige en Maîtrise et DEA un séminaire dédié à la genetique.
Si les généticiens du texte sont apparus pour la première fois en France, il est maintenant impératif d’appliquer ces connaissances au texte basque, ainsi que de créer un pôle, ou une institution, où les écrivains contemporains pourraient déposer leurs manuscrits afin de les conserver, et de les mettre à dispositions des généticiens.
Si les écrivains allaient de plus en plus dans ce sens-là, les étudiants et chercheurs ne seraient-ils pas plus nombreux à s’intéresser à la génétique des textes ? Et qui sait ce que pourraient révéler les brouillons sur le processus de création du texte basque ?…
Aurreko Aleetan |