Maite LAFOURCADE
Photographie: Jesús M. PEMÁN
Discours du 10 octobre 2006
Consejera de Cultura del Gobierno Vasco, Señores Presidentes, Mesdames et Messieurs, Recteurs, Professeurs, parents, amis et tous ceux qui me font l’honneur de leur présence. Cette cérémonie est pour moi d’une très grande importance: non seulement elle couronne ma carrière, mais encore elle est un nouveau lien entre les deux parties du Pays Basque, séparées depuis l’Empire romain, mais toujours unies par leurs racines.
C’est avec une grande émotion, mais aussi beaucoup de fierté que je reçois ce prix prestigieux qui a distingué les plus grands serviteurs de notre culture. Je remercie profondément le Président d’Eusko Ikaskuntza et celui de la Caja Laboral qui l’ont institué, ainsi que les membres du jury qui me l’ont décerné.
J.M. Otaegi, Miren Azkarate, Maïté Lafourcade et Xabier Retegi. |
Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue tout au long de ma carrière, mes parents, hélas décédés, et mon fils, ici présent avec sa famille, le Professeur Adrian Celaya qui m’a aidée au cours de mon apprentissage, le Professeur Monréal auquel je dois la publication de ma thèse par le service éditorial de l’Université du Pays Basque dont il était le Recteur, le doyen Labayle qui a favorisé la création d’un Centre de recherche en Études basques à la Faculté pluridisciplinaire de Bayonne et a mis à la disposition d’Eusko Ikaskuntza un local ainsi que les services de la Faculté, lorsque le Président Monréal a voulu auvrir une annexe d’Eusko Ikaskuntza en Iparralde. Mes remerciements vont aussi aux membres du Centre d’Études basques et à leurs partenaires d’Euskadi et de Navarre, sans lesquels ce Centre n’aurait pu vivre, au Monsieur le Maire de Cambo, Vicent Bru, qui a pris la direction du Centre aprés mon départ à la retraite, au Président Uhaldeborde et au Conseil scientifique de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour qui m’ont décerné l’éméritat et à Jean-Claude Larronde, Président d’Eusko Ikaskuntza Iparralde grâce auxquels je peux continuer à enseigner le droit basque aux étudiants dans un cours ouvert au public, ainsi qu’à Maïté Ithurbide, sa secrétaire.
C’est lorsque j’ai préparé ma thèse de Doctorat en Histoire du droit sur les contrats de mariage du Pays de Labourd au XVIIIe siécle, que j’ai découvert, à travers les archives notariales, un système juridique authentique, très ancien, comme la langue, et pas du tout romanisé, très différent de celui que m’avait été enseigné à l’Université: la propriété était collective au niveau des terres incultes comme au niveau des patrimoines familiaux, d’où leur indivisibilité et leur inaliénabilité; la femme était juridiquement l’égale de l’homme; la femme mariée n’était pas incapable; l’enfant aîné de chaque génération et son conjoint géraient conjointement avec ses parents, le patrimoine familial... Les notions d’État et de Souveraineté étaient inexistantes; la division de la société en trois ordres sociaux était inconnue; le régime politique était une democratie directe à base familiale: le pouvoir appartenait aux maîtres de maison, les maisons étant égales entre elles... Plus j’étudiais, plus je découvrais, et plus je m’émerveillais et voulais en découvrir davantage. J’étais séduite par cette organisation sociale, équilibrée et égalitaire.
Miren Azkarate et Maïté Lafourcade. |
Losque j’ai fait part de mes travaux au Professeur Celaya et qu’il me fit parvenir les siens, j’ai constaté que le système juridique du nord des Pyrénées était le même qu’en Biscaye... C’est ce qu’il m’écrivait dernièrement : «Es increíble que el Pueblo vasco, dividido en parcelas separadas desde hace siglos, mantenga vivas unas instituciones en tantos aspectos similares y es más sorprendente que esa identidad se acentúe entre los dos territorios más alejados de la tierra vasca... todo me lleva a no olvidar que, aunque nuestra historia externa sea distinta, somos miembros de un pueblo de raíces antiguas y que nuestros antepasados pudieron resistir frente al empuje imparable del más civilizado Derecho Romano...”. Malgré l’absence d’unité politique, les principes juridiques étaient les mêmes dans tout le territoire basque, avec des nuances selon les lieux, comme la langue, car il s’agit d’un droit coutunier, né d’une façon empirique, élaboré par le peuple lui-même, en dehors de tout dogmatisme, selon ses besoins et ses tendances profondes.
Droit témoin d’une société agro-pastorale, telle qu’elle devait exister dès les temps les plus anciens dans les Pyrénées, il fait partie des racines historiques du peuple basque. Parce que ce système leur convenait et qu’il leur permettait de survivre, les Basques l’ont défendu et conservé fidèlement à travers les siècles.
Ce peuple pacifique ne demandait rien à personne, sinon vivre selon ses « fueros » ; ce fut d’ailleurs la condition, dans les provinces qui forment aujourd’hui la Communauté Autonome Basque, de leur adhésion à la Castille. Je ressentais profondément l’injustice dont il avait souffert.
Maïté Lafourcade. |
Le droit basque est ignoré, même des universitaires voisins et des Basques eux-mêmes. J’ai voulu le faire connaître ; j’ai pris mon bâton de missionnaire, j’ai multiplié les publications et les conférences ; j’ai participé à la creation de d’Institut d’Études basques à Bayonne; je continue à enseigner le droit basque ... Bref, je fais tout ce que je peux pour faire connaître une organisation sociale qui mérite de l’être.
Comme l’écrivait récemment Jacques Le Goff à propos de la construction européenne : « L’Europe se construit. Elle ne se réalisera que si elle tient compte de l’histoire, car aujourd’hui vient d’hier et demain sort du passé ». On peut parfaitement adapter ces propos au Pays Basque.
Euskal Herria estatu zentralistek kaltetua da.
Berak, Europak zapalduak izanen dira.
Europa, izan bedi gure nortasunarekin eskuzabalago, estatu horiek baino.
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