Jean-Claude PALAWO
Depuis des années 1980, la précarité affecte progressivement les sociétés du Nord. Même si la croissance économique semble donner des signes de récupération, le chômage de masse persiste; ce sont de grandes multinationales et des banques qui font des profits. Les emplois réellement crées sont précaires, et insuffisants par rapport aux demandeurs d’emplois. Á cette difficulté économique s’ajoute l’enjeu des débats en cours portant sur les liens entre croissance économique négative et limitation des migrations; immigration et insécurité, migration et identité nationale. Les 28 États de l’Union Européenne, le 23 Avril 2015, lors d’un sommet d’urgence tenu á Bruxelles, suite á la mort de 700 migrants, ont une fois de plus, réaffirmé leur détermination á combattre l’immigration irrégulière par des solutions militaires; qui iront de la surveillance des frontières par des patrouilles maritimes á la destruction des bâteaux supposés appartenir aux traffiquants de migrants.
L’Europe va mal; même si les indicateurs de richesses, annoncent une croissance relative; elle sera lente. Son économie est incertaine. Ses finances sont fragiles; son influence internationale est affaiblie. Sa cohésion sociale est menacée par des inégalités, économiques et sociales qui touchent plus particulièment les groupes minoritaires. La montée de discours xénophobes á l’égard des étrangers est réelle. Malgré ce panorama le moins optimiste, ils sont toujours très nombreux les migrants Africains subsahariens, disposés á tenter leur chance dans les conditions extrêmement périlleuses. Quelles perspectives, d’intégration, d’employabilité, de protection sociale, pourront prétendre des migrations africaines au sein d’une Europe de plus en plus hostile et xénophobe?
Certains pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, la Suisse ne cachent plus leurs inquiétudes pour ne pas dire leur rejet purement et simplement de l’immigration. La récente crise financière a eu pour conséquence la régulation drastique du marché européen de l’emploi. L’Espagne, avec un taux de chômage de 24% de la population active, a été contrainte de blinder ses frontières du sud de Melilla, contre les assauts á répétition des migrants Africains. Les autorités de Madrid en collaboration avec l’UE, ont construit une muraille constituée fils barbelés; d’une hauteur de 7 mètres sur une longueur de 22 km; ils y ont installé des caméras de haute surveillance, accompagnées d’un dispositif sécuritaire composé de gardes civiles prêtes á intervenir 24heures sur 24 afin d’empêcher toute entrée de migrants subsahariens dans son territoire.
En France, le Front National (FN) de Marine Lepen affirme qu’il faut rendre l’Europe non attractive pour les migrants. D’autres partis politiques, comme le Parti Socialiste français, ou l’UMP de Nicolas Sarkozy, se disent favorables á recevoir des demandeurs d’asile politique. Cette rhétorique politicienne ne laisse personne indifférente. On sait bien que 78% de migrants clandestins ou légaux en provenance d’Afrique subsaharienne, sont en général les migrants économique. Certes il ya une proportion d’éxilés, d’étudiants; des rares opposants aux démocraties totalitaires francophones africaines, sont très souvent vites neutralisés et conduits en prison sans leur donner la moindre occasion de se procurer d’un avocat, encore moins de sortir hors du territoire. Le message devrait être clair pour tous, malgré le jeu de mots: l’Europe ne veut plus et n’est plus disposée á recevoir tous les misérables de la planète.
Au plan social, les migrants africains sont généralement démunies et vulnérables, marginalisés, certains sont sans famille. il est préoccupant et inquiétant que les frustrations et la montée de la haine raciale entraîne davantage la méfiance, le répli identitaire et l’entassement dans des barres d’immeubles dans certains banlieux. Au de-là de ce constat il est possible de rencontrer quelques bienfaiteurs, disposés á venir en aide aux migrants á titre personnel. Le discours officiel sur la perception des migrants, même s’il demeure ambigu , il n’en demeure pas moins que le travailleur étrangé, en temps de crise économique, est souvent considéré comme une menace, un “insurgé”.
Elles sont de moins en moins, les compagnies qui acceptent d’employer les migrants africains dans des postes de responsabilité, dans les mêmes conditions avantageuses que les employés européens de souche. La main d’oeuvre africaine avant 2010 était trés sollicitée dans des tâches difficiles et sulbaternes; moins valorisées par les nationaux. Les travaux considérés moins attractifs et dévalorisants, notamment les tâches domestiques, la garde des personnes de troisième âge, les travaux dans le bâtiment; la récolte des fruits dans des champs, étaient réservés aux migrants.
En Catalogne, (Espagne) dans la région de Lleida, la récolte des oranges et des pommes, jadis était réservée aux migrants africains et sudaméricains. Face á la montée du chômage, depuis 2010 les Espagnols de souche sont retournés au champ. Les domaines d’employabilité, la chance des migrants subsahariens diminue au fur et á mesure que la crise persiste. Vite jugés et catalogués par leur apparence physique, ils ont du mal á se faire accepter.
Le séjour en Occident, dans les conditions légales où illégales, a un coût très élevé en terme de dignité humaine. Les migrants originaires d’économies subalternes subissent des formes d’exclusion silencieuses, allant du racisme ordinaire á la peur; des stratégies de violence raciale surnoises que, seuls les psychologues, de haute compétence sont á mesure d’évaluer les conséquences et le préjudice moral, á long terme. La limitation de leur capacité d’accèder á un rang social digne, pose un problème de reconnaissance et d’intégration effective des minorités. Mme Christiane Taubira, l’unique femme noire du gouvernement de François Hollande, ministre de la justice est constamment attaquée et caricaturée par les groupes racistes et racilistes.
Le séjour en Occident, dans les conditions légales où illégales, a un coût très élevé en terme de dignité humaine.
Photo: CC BY - SebDech
Doté d’une technologie de pointe et d’une puissance industrielle considérable, le marché européen, pour améliorer la productivité des services et du travail, maîtriser les réformes structurelles de son système bancaire, s’est fixé des défis: l’investissement dans des technologies d’avenir; limiter sa dépendance énergétique vis-á-vis du gaz russe; favoriser une recherche de pointe dans les industries de bien-être (santé et beauté); renforcer le marché; créer de nouvelles entreprises.
L’automatisation de l’informatisation de l’information, l’industrialisation des services, demandent une main d’oeuvre hautement qualifiée. De nouveaux logiciels de gestion commerciale naissent tous les jours. L’exploitation des technologies et l’innovation en permanence dictée par le changement de modèle économique, de la production massive á la qualité, peut restreindre les chances de migrants sans formation appropriée á trouver un emploi.
Le passage d’une économie industrielle á une économie basée sur le savoir et l’information, rendra davantage plus difficiles les possibilités d’emplois donc de réussite, que rêvent encore des jeunes générations africaines provenant de pays où il n’existe aucune culture professionnelle du travail; aucune organisation sociale favorable á la recherche et á la création des richesses. Pour exister professionnellement, les migrants africains ont besoin de se rattraper en matière d’éducation et de formation. La valorisation de compétences et la satisfaction sociale en éducation sont désormais les bases d’intégration sociale et professionnelle. Plus difficile, est et sera le sort des personnes en situtation irrégulière; sans formation de pointe, avec ou sans permis de séjour rencontreront beaucoup d’entraves pour exister au plan professionnel.
Beaucoup de personnes, actuellement même les diplômés formés dans des universités occidentales dans des filières traditionnels, ont du mal, pour se trouver un travail qui soit compatible avec leur profile de formation. Hormis les formes de ségrégation basées sur la préférence nationale, Le marché occidental du travail a beaucoup changé; depuis 2008, l’industrie est en déclin même si certains secteurs comme l’automobile, l’électronique le textile ou le raffinage, l’aéronautique, ainsi que l’industrie des tecnologies de la distraction se portent bien. La filière des énergies renouvelables, la rénovation du bâtiment la biomasse solaire thermique et éolienne; l’informatique, les nouvelles technologies d’information, le numérique, la finance, l’audit et le contrôle de gestion des contrats ou des prestations sont des secteurs qui projettent de nombreuses perspectives de recrutement.
Au canada, un des centres économiques de taille, dans les villes de Toronto ou de Montréal, au Québec, beaucoup de diplômés africains de filières traditionnels, y compris les détenteurs d’un doctorat, se voient souvent dans l’obligation d’exercer des activités éloignées de leurs qualifications réelles. L’industralisation des services entraîne, des transformations qui exigent des compétences diversifiées et la formation permanente. Ces nouvelles exigences de l’ordre marchand, peut constituer une entrave majeure aux ambitions de réussite personnelles, qui animent le travailleur Africain émigré.
Le mythe de l’exode prometteur peut se convertir en désillusion pour beaucoup d’Africains mal informés et péparés, souvent abusés par les images des télévisions ou les aventuriers mal intentionés qui leur vendent l’éternité du bonheur. L’Europe n’est plus absolument du soleil en ce moment de sa restructuration économique. Elle est plus préoccupée par son sécurité énergétique. Pour réduire sa dépendance énergétique extérieure, elle s’est investie dans les énergies vertes et prône une solidarité énergétique entre ses 28 membres. Elle dépense 1 milliard d’euros par jour pour son approvisionnement en énergie.
Face á ces objectifs prioritaires, clairement définis, l’immigration africaine massive, est devenue alarmante et inconcevable, selon les Eurocentristes. Le naufrage de plus de 1700 migrants depuis le début de l’année met á nouveau sur la table les arguments entre croissance économique et migrations . Des affrontements et des affirmations, le débat en cours, sur la construction d’une identité nationale européenne exclusive, fomenté et alimenté par les partis d’extrême droite, place á nouveau la question des étrangers sur le sol européen au centre des débats. La tendance á construire une identité européenne exclusive, en pleine globalisation, sur fond de farce politique, participe á la montée des discours xénophobes. On comprend en quoi l’accueil et la répartition des émigrés des 21000 migrants au Sud d’Italie provoque des remous; le Premier Ministre britanique s’est montré disposé á fournir le matériel militaire pour combattre le traffic de migrants, mais en retour son pays n’est pas prêt á recevoir sur son territoire les émigrés.
La France, pour sa part affireme n’accepter que les réfugiés politiques. Si les termes diplomatiques, employés par les politiciens peuvent inciter á une autre interprétation sémantique: celle de sauver les vies en danger. L’Union européenne n’est certainement pas en ce moment, de transition économique, le meilleur choix, encore moins la bonne destination, pour les migrants subsahariens, qui sans talent particulier, rêvent encore d’une intégration équilibrée avec des garanties de réussite.
Il faudrait encourager les formes de coopération intellectuelle Sud- Sud; Nord -Sud Il y a beaucoup de chômeurs bien formés, des cerveaux flottants qui ne trouvent pas facilement du travail dans le marché occidental. Les pays émergents comme le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud, Le Mozambique, la Côte d’ivoire, la Tanzanie ou le Botswana, peuvent en tirer profit, á condition d’ouvrir leur marché d’emplois, d’attirer sur leur sol ces talents, Éuropéens et Africains disponibles, capables d’apporter au continent noir, de nouvelles innovations une culture professionnelle de services dans tous les secteurs de production.
Les pouvoirs, plus particulièmenet l’Union africaine dont le silence et la passivité sont étonnants, face aux drames de migrants Africains aurait un intérêt á créer un fond d’urgence de secours aux migrants; un sécrétariat des Affaires étrangères africaines, chargé de coordonner, de rapprocher toutes les postures pour articuler une politique africaine d’immigration; prendre des initiaties politiques pour obtenir des compromis; garder l’Afrique unie face aux nouveaux défis notamment la fuite des cerveaux, une tâche difficile mais indispensable l’avenir du continent ainsi que sa propre crédibilité, comme organisme panafricain oeuvrant pour le bien-être des peuples noirs auxquels elle prétend représenter.
On a besoin d’une approche orientée vers les résultats concrets devant les défis á relever. Les Africains, en premier les décideurs politiques doivent répondre au mieux aux besoins actuels et émergents de démocratie, et d’opportunités d’emplois, exprimés par la jeunesse africaine en plusieurs occasions dans des démocraties totalitaires où la démocratie se limite á une multitude de partis politiques, sans la moindre possibilité d’alternance au sommet.
Le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique doit rédéfinir le rôle et les responsabilités de l’Union Africaine en tenant compte des modalités d’une politique d’immigration á l’échelle continentale pour réaliser un certain nombre d’objectifs communs; préciser son rôle, son implication dans la lutte contre l’immigration, et dans des cas de catastrophes naturelles; promouvoir un dialogue renforcé et obtenir le compromis des dirigeants africains. La question migratoire devenue mondiale, il n’est plus moralement tolérable de se cacher derrière le farvélu argument, souvent avancé, de part et d’autres sur le respect de la souveraineté nationale des États sur cette question d’urgence. Ils ont l’obligation de garantir á leurs ressortissants des conditions de vie minimales, de liberté et de sécurité économique.
Au de-là d’importants moyens militaires et économiques exibés dans les opérations de surveillances des frontières maritimes, rien ne semble garantir á l’horizon la fin des tragédies Méditerranéennes, encore moins la fin des flux migratoires suicidaires. Le déploiement des navires de guerre, les opérations Atalante, la destruction des bâteaux de passeurs avant l’embarquement, les missions sécrètes de surveillance des traffiquants d’immigrants seules, ne suffiront pas á décourager les milliers de candidats d’Afrique noir, désespérés et marginalisés disposés au suicide.
Sans une approche internationale, projet d’immigration, une nouvelle forme de coopération internationale, qui enseignerait aux pays á forte potentiel migratoire á créer des fumiers, y planter des fleurs, pour obtenir de belles fleurs qui sont la libération politique, économique et sociale des États en faillite. Cette responsabilité devrait un jour être assumer par les puissants de ce monde. Ce serait manquer le rendez-vous avec l’Histoire, une grave na?vété, sinon un manque de volonté politique de penser avoir trouvé une solution définitive au phénomène. La facture de 9 millions d’euros mensuels, consacrée aux solutions minimalistes, se révélera être plus coûteuse aux Européens á long terme, plutôt que si on avait combattu le problème á ses racines les plus profondes.
Investir dans des personnes, promouvoir la démocratie et les sociétés, mettre en place une industrialisation pour répondre aux défis dans des domaines aussi divers, que la création des emplois, la construction des infrastructures d’épanouissdement, l’alternance politique par les élections, la sécurité alimentaire, la viabilité de l’environnement. C’est la meilleure forme de lutte et de prévention efficace contre les drames épouvantablesé répétition dans la Méditerranée, porte d’entrée et berceau de la civilisation européenne. Une Afrique subsaharienne développée, avec la volonté de partager, profitera aux Africains et au monde.
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