PABA!
* Original en basque
Xabier Harluxet

Il y a 10 000 ans, les Amérindiens et les Inuits vinrent s'installer dans la région appelée aujourd'hui Québec. Il y a 1000 ans, les Vikings se rapprochèrent du Labrador et de Terre-Neuve. Ces territoires sont situés à l'Est du Québec et en face du golfe du fleuve Saint-Laurent qui traverse le Québec. Enfin, il y a 500 ans, des pêcheurs venus d'Europe commencèrent à pêcher la morue au Sud de Terre-Neuve. D'après certains historiens, en 1507 et 1508, les Basques apparurent dans le golfe du Saint-Laurent à la recherche des baleines.

La plupart des livres sur l'histoire du Québec rappellent ces dates historiques en soulignant la venue des Basques à cette époque-là (1507/1508) et même en la certifiant.

Ces dernières dates historiques sont des références caractéristiques des relations entre le Québec et le Pays Basque.

Il faut quand même reconnaître, aujourd'hui qu'à moins d'être amateurs d'histoire, les habitants d'Euskal Herria et ceux du Québec n'accorderont pas plus d'importance que cela à cette date qui peut être considérée comme un point de détail de l'histoire.

Ces premières relations entre ces deux pays, même si elles n'ont pas été très fortes, ont eu de nombreuses conséquences : les échanges entre les Amérindiens et les Basques (le thème d'un prochain article) et les traces laissées dans la toponymie locale (Région des Basques, etc.) par exemple.

Aujourd'hui, une de ces conséquences est sans aucun doute le musée et centre de recherches appelé «Parc de l'Aventure Basque en Amérique» situé dans la ville de Trois Pistoles.

Par l'intermédiaire de cet exposé, nous allons comprendre comment se sont déroulés les premiers contacts entre le Pays Basque et le Québec et prendre connaissance des relations actuelles !

L'histoire et l'archéologie solidaires

Les informations données en introduction sont les résultats de deux recherches importantes.

La première, est la découverte des chercheurs de Parc Canada. En 1980, dans le Labrador, dans la région Red Bay, ils découvrirent les fours construits par les pêcheurs basques et un trésor archéologique : trois bateaux basques et quatre chaloupes enfouis sous l'eau dans un état de conservation extraordinaire. Grâce à la température froide les embarcations ont gardé beaucoup de renseignements sur cette période. Il faut souligner que la découverte la plus intéressante est celle d'une chaloupe longue de 8 m. Dans cette chaloupe, ils ont retrouvé toutes les caractéristiques des embarcations basques pour la pêche à la baleine.

La seconde, est le résultat des recherches faites par Laurier Turgeon, actuellement professeur à l'université Laval de la ville de Québec, durant les années 80. Laurier Turgeon alla à Bordeaux commencer ses recherches pour sa thèse. Son sujet de recherche était la relation entre le fleuve Saint-Laurent et les pêcheurs basques. A cette occasion, il découvrit un trésor extraordinaire : dans les archives de la Ville, totalement laissées de côté, il trouva les écrits officiels de 40 notaires du 16ème siècle. Ces textes étaient des contrats officiels, type assurances, pour les armateurs : ils décrivaient le matériel et les marchandises embarqués sur les navires (produits de vente). En tout, un millier de pages furent découvertes.

Ce fut l'occasion de revivre l'histoire de la pêche dans la zone de Terre-Neuve. Ces documents eurent plus d'importance que prévu ! Entre 1983 et 1989, plusieurs spécialistes commencèrent à les examiner et à les interpréter ; ainsi 6 chercheurs, venus du Québec, se relayèrent pour étudier toute cette documentation. En 1990 en se basant sur les informations obtenues dans les archives de la Ville de Bordeaux, ils complétèrent leurs recherches avec les documents trouvés dans les villes de La Rochelle, Rouen et Paris. Ils apprirent beaucoup sur les façons de vivre et de se nourrir sur les bateaux à cette époque-là ainsi que sur le trafic des fourrures entre l'Europe et l'Amérique du Nord.

Les recherches des berges du Saint-Laurent

Etant donné la quantité d'informations recueillies dans les différents ports de France, Laurier Turgeon eut envie de continuer ses recherches sur l'embouchure du fleuve Saint-Laurent. Vers le milieu des années 80, l'étudiant chercheur devint professeur d'histoire à l'Université Laval à Québec.Plus, grâce à la bourse attribuée par le Ministère de la Culture, il eut l'aide d'un groupe d'élèves archéologues pour continuer les recherches. En 1989, il fit la connaissance par hasard du Directeur de la Société Provancher. Cet organisme , depuis 1929, est propriétaire de l'île appelée Ile aux Basques, situé en face de Trois-Pistoles et à 5 kilomètres des berges du fleuve. Le but du groupe Provancher est de faire des investigations, de sauvegarder et de présenter le patrimoine archéologique de l'île longue de 2 kilomètres et large de 400 mètres. Grâce aux relations entre l'association Provancher et Laurier Turgeon, tous les étés de 1990 à 1993, 12 étudiants chercheurs approfondirent la connaissance de l'île. Il est à noter que pendant 300 ans, personne ne vécut sur cette île et que l'association Provancher la conservait comme une réserve d'oiseaux. Ainsi quatre fours de fabrication basque ont été découverts en bon état. Les fours ont un diamètre de 4 mètres et de la graisse de baleine brûlée a été trouvée à l'intérieur. Les recherches sur les fours ont confirmé que les pêcheurs basques avaient bien utilisé cette île entre 1580 et 1630 pour traiter les baleines.

Il faut souligner que de l'autre côté de l'Ile aux Basques apparaît la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Plus exactement, c'est là que se situe l'embouchure du fleuve Saguenay. L'eau douce du fleuve Saguenay et l'eau salée du fleuve Saint-Laurent se réunissent à cet endroit précis. L'estuaire formé par la rencontre des eaux est un lieu privilégié par les baleines, même aujourd'hui, pour leur nourriture. Ceci explique l'importance de l'île à l'époque de la chasse aux baleines. De plus, les courants aidaient les pêcheurs basques à emmener les baleines qu'ils tuaient du Saguenay vers l'Île aux Basques.

Voici les résultats des recherches archéologiques : pointe de harpon en fer, des clous et quelques morceaux de tuile rouge. Ces éléments font penser qu'une charpente en bois était construite sur l'île, et confirme la présence soit d'un type d'abri soit d'une habitation. D'autre part, les recherches confirment qu'entre les années 800 et 1600 beaucoup d'Amérindiens se sont installés sur l'île pour chasser les baleines et les phoques ou pêcher. Enfin beaucoup de vestiges ont été recueillis sur l'île, ce qui prouve que l'île a été le lieu d'échanges et de relations entre les européens et les amérindiens.

L'historien Laurier Turgeon a été enchanté de l'écho que ces investigations ont eu. Les découvertes faites durant les premières années avaient été communiquées régulièrement aux habitants de la région ainsi qu' à la presse locale. Cette méthode de travail et cette façon de communiquer ont aidé la population des environs de l'Ile aux Basques, particulièrement les habitants qui vivaient sur les bords du fleuve Saint-Laurent à Trois-Pistoles, à se rendre compte de l'importance de leur patrimoine.

Site historique des relations entre Le Pays Basque et le Québec

Jusque dans les années 1980, certes, existait un sentiment, une forte identité et un attachement à cette région dite Région des Basques, et à ces pêcheurs basques qui apparurent il y a cinq siècles. Les recherches archéologiques et historiques ont renforcé et confirmé ce sentiment. Ainsi, en 1992, un groupe de personnes de Trois-Pistoles et la mairie commencèrent à élaborer un avant-projet. Le but de ce projet était favoriser le développement de cette région par l'intermédiaire du patrimoine et du tourisme. Ainsi naquit « Le Parc de l'Aventure Basque en Amérique - PABA » : un projet travaillant la thématique basque sur les bords du fleuve Saint-Laurent.

Les membres de l'association Provancher n'eurent pas de problème pour convaincre les responsables du projet qu'il fallait préserver l'Ile aux Basques. Ainsi, c'est dans la ville de Trois-Pistoles, qu'un bâtiment moderne en forme de baleine sortant de l'eau a été construit. Un musée qui présente l'histoire des pêcheurs basques, un centre de recherche généalogique et un lieu de rencontre pour renforcer les relations entre le Pays Basque et la Région des Basques, y ont été aménagés.

PABA aujourd'hui

Aujourd'hui le Parc de l'Aventure Basque en Amérique, appelé PABA, est un centre de documentation et de recherche généalogique. De plus, il est devenu un centre de loisir et de diffusion de la culture. En même temps, il rend hommage aux pêcheurs basques qui séjournèrent, aux 16ème et 17ème siècles dans l'Ile aux Basques. Enfin, le PABA a une importance considérable pour représenter le Pays Basque au Québec, et pour renforcer les relations entre les Basques d'Europe et d'Amérique.

Le lecteur trouvera des informations complémentaires en consultant l'adresse électronique ci-dessous concernant la Région des Basques au Québec. On ne saurait trop lui recommander d'ailleurs qu'il reste attentif aux animations que le PABA organise !

L'année 2002 a été bien utilisée pour réaliser des échanges entre les habitants de la Région des Trois Pistoles et les groupes de chanteurs et de danseurs venus du Pays Basque.

Voyons voir si en 2003 nous rencontrerons quelques lecteurs parmi ces groupes ou visiteurs !


Xabier Harluxet
Photographies: Xabier Harluxet


Euskonews & Media 203. zbk (2003 / 03 / 14-21)

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