Véronique DUCHE-GAVET, Université de Pau et des Pays de l’Adour
4) Quittant le Mozambique, François Xavier, qui a reçu le titre de Nonce Apostolique, c’est-à-dire, qui possède les pleins pouvoirs sur les fidèles et les infidèles de l’empire colonial, poursuit son voyage en direction des Indes. Il passe par Milinde, puis Socotora, avant de rallier Goa. Dans cette lettre adressée à ses compagnons restés à Rome, la première envoyée de Goa, François Xavier se dévoile en tant que missionnaire. Après avoir raconté son voyage, il explique la façon dont il s’y prend pour accomplir sa mission d’évangélisation : prédication, catéchisme, confessions.
On sait que François Xavier, à cette date, avait déjà rédigé un catéchisme abrégé, petit manuel destiné à l’évangélisation des peuples. Il s’était pour cela inspiré à la fois des Decadas da Asia, de Jean de Barros, texte fondamental de l’histoire portugaise de l’Inde, mais aussi d’une Grammaire de la langue portugaise, qui mêlait « manuel de langue et manuel de religion, à l’usage de la nombreuse progéniture des navigateurs lusitaniens aux quatre coins de l’Asie »1. Il prend soin également de se faire accompagner de personnes qui parlent la langue du pays dans lequel il se trouve.
François Xavier dépense toute son énergie pour rallier les infidèles. Il n’hésite pas à parcourir les rues en agitant une clochette, pour attirer les passants. Il se rend dans tous les endroits, même les plus mal famés, où il serait susceptible de gagner des âmes. Mais il fréquente plus particulièrement le collège Saint-Paul, dit de la Sainte-Foy, où une soixantaine de jeunes gens indiens, cingalais, malais, malgaches, éthiopiens, ou cafres du Mozambique, vivent et sont instruits aux frais du Roi Jean III. François Xavier songe à former un clergé indigène, ou tout du moins de solides chrétiens qui porteront le Message du Christ à leurs frères de race.
Aux compagnons vivant à Rome2. Nous sommes arrivés en cette ville de Goa le 6 mai 1542. Nous étions partis de Mozambique à la fin de février. Les cinq navires partirent à la mi-mars ; le plus important d’entre eux naufragea, mais les gens en furent presque tous sauvés. C’est qu’il naufragea près de la côte. C’était un navire très riche ; il transportait beaucoup de marchandises ; c’était un navire de sept-cents tonneaux et plus. Ici à Goa, je me suis logé à l’hôpital. Je confessais les malades qui s’y trouvaient et je leur donnais la communion ; il y en avait tant à venir se confesser que si je m’étais divisé en dix morceaux, en chacun d’eux et partout j’aurais dû me confesser. Après en avoir fini avec mes malades, je confessais le matin les bien portants qui venaient me trouver ; l’après-midi, j’allais à la prison confesser les prisonniers, en leur donnant l’ordre à suivre, et d’abord l’explication de la manière de faire et l’ordre à observer pour faire une confession générale. Après avoir confessé les prisonniers, j’ai pris une chapelle de Notre Dame qui était près de l’hôpital, et je me suis mis à y enseigner aux enfants les prières, le Credo et les commandements ; ceux qui venaient à cet enseignement chrétien étaient souvent plus de trois cents. Le seigneur Evêque a ordonné de faire de même dans toutes les autres églises et on continue à le faire à présent : le service de Dieu qui est de la sorte accompli est plus grand que beaucoup ne le pensent. C’est entouré de l’amour et de la bienveillance des gens de cette ville que j’ai habité ici tout le temps que j’y suis resté. Les dimanches et les jours de fête, je prêchais dans cette chapelle de Notre Dame, après le repas, sur un article de foi. Tant de gens venaient qu’ils n’y tenaient pas dedans. Après la prédication, j’enseignais le Pater Noster, l’Ave Maria, le Credo et les commandements de la Loi. Les dimanches, je sortais de la ville pour dire la messe aux malades atteints du mal de saint Lazare : j’ai confessé tous ceux qui se trouvaient en cette maison et je leur ai donné la communion. Je leur ai prêché une fois : ils en sont restés mes grands amis très dévots. Le Seigneur Gouverneur m’envoie à présent dans
un pays dont tout le monde dit que je vais y faire beaucoup de Chrétiens.
J’y emmène avec moi trois natifs de ce pays, dont deux
sont sous-diacres. Ils savent très bien la langue portugaise
et mieux encore leur langue maternelle : quant à l’autre,
il n’a que les ordres mineurs. Je crois que nous allons accomplir
un grand service de Dieu notre Seigneur. […] Le pays où
je vais s’appelle le Cap de Comorin. |
Au bout de sept mois de travail à Goa, François Xavier est envoyé par le vice-roi « dans un pays où, de l’avis de tous, les perspectives sont brillantes de gagner les hommes à la foi » : la côte des Paravers au sud de l’Inde. On y accède par Cochin. Il part le 20 septembre 1542 accompagné de trois clercs paravers, formés au collège de la Sainte-Foy, qui lui serviront d’interprètes en langue tamoul.
5) François Xavier séjourne pendant deux ans parmi les « pêcheurs de perles », les plus misérables des misérables, situés dans la hiérarchie juste avant les parias. Néanmoins la déception s’empare de lui. Conscient de la difficulté de la tâche, il est animé d’un pessimisme lucide. L’exemple des habitants de Pati, sur l’île de Manar, qui avaient sollicité le baptême, le décourage : « le roi de ce pays exerça de grands ravages et de grandes cruautés à l’encontre de nombre d’entre eux parce qu’ils s’étaient faits chrétiens ».
Néanmoins il a appris en octobre 1543 seulement que la Compagnie a été approuvée par le pape. Dans cette lettre, il conserve un enthousiasme de façade : il s’agit pour lui de convaincre ses compagnons de suivre ses traces. François Xavier s’efforce ainsi « d’édifier spirituellement et de dynamiser des vocations missionnaires »3.
Aux compagnons vivant à Rome4 Dieu notre Seigneur sait combien mon âme trouverait plus de réconfort en vous voyant plutôt qu’en écrivant ces lettres, si incertaines du fait de la grande distance qu’il y a entre Rome et ces contrées-ci. Mais puisque Dieu notre Seigneur nous a séparés en nous mettant en des pays si éloignés les uns des autres, alors que nous sommes si unis en un seul amour et en un seul esprit, je ne crois pas me tromper en disant que la distance corporelle n’est cause d’aucun manque d’amour ni d’aucune négligence chez ceux qui s’aiment dans le Seigneur, même si nous ne conversons pas familièrement comme nous en avions l’habitude. Le vif souvenir des connaissances passées, lorsqu’elles sont fondées sur le Christ, possède ce pouvoir de remplacer presque les effets des connaissances directes. […] Comme nouvelles de ces contrées de l’Inde, apprenez de moi que Dieu notre Seigneur a poussé bien des gens à devenir chrétiens dans un royaume que je parcours. Au point que, en un seul mois, j’en ai baptisé plus de dix mille. Pour ce faire, j’ai suivi la méthode suivante : à mon arrivée dans un village peuplé de Gentils qui m’avaient fait appeler pour que je les fisse chrétiens, je faisais s’assembler en un lieu tous les hommes et tous les jeunes garçons du village ; commençant par la confession du Père, du Fils et du Saint Esprit, je leur faisais faire trois fois le signe de croix et invoquer les trois Personnes en confessant un seul Dieu. Cela terminé, je disais la confession générale, puis le Credo, les commandements, le Notre Père, l’Ave Maria et le Salve Regina. Il y a déjà deux ans que j’ai traduit toutes ces prières en leur langue5 et je les sais par cœur ; ayant mis un surplis, je récitais à voix haute ces prières selon l’ordre que j’ai indiqué. Ainsi, au fur et à mesure que je les récite, tous me répondent, grands et petits, selon l’ordre avec lequel je les récite. Une fois ces prières terminées, je leur fais dans leur langue une causerie sur les articles de foi et sur les commandements de la Loi divine. Je fais en sorte, après, que tous demandent publiquement pardon à Dieu notre Seigneur pour leur vie passée, et cela à voix haute, en présence des autres infidèles, qui ne veulent pas devenir chrétiens, afin de causer la confusion des méchants et la consolation des bons. […] Une fois fini le sermon que je leur fais, je leur demande à tous, grands et petits, s’ils croient véritablement à chaque article de foi : ils me répondent tous que oui. Je dis donc à haute voix chaque article et à chacun d’eux, je leur demande s’ils y croient. Eux, après avoir mis les bras en croix sur la poitrine, ils me répondent que oui. Alors, je les baptise, en donnant à chacun d’eux son nom par écrit. Ensuite, les hommes rentrent chez eux et en font venir leurs femmes ainsi que le reste de leurs familles, que je baptise selon la même méthode que celle avec laquelle j’ai baptisé les hommes. Une fois terminé le baptême des gens, je fais démolir les maisons où ils gardaient leurs idoles et, après qu’ils sont devenus chrétiens, je leur fais briser les images des idoles en tout petits morceaux. Je n’en aurais jamais fini si je vous écrivais la grande consolation qu’éprouve mon âme en voyant détruire les idoles des mains de ceux qui ont été idolâtres. Je laisse dans chaque village les prières par écrit et dans leur langue, après avoir donné l’ordre de les enseigner chaque jour, une fois le matin et une autre fois à l’heure des vêpres. Quand j’ai achevé de faire ça dans un village, je m’en vais dans un autre village, si bien qu’en allant de village en village, je fais beaucoup de Chrétiens ; ce dont je tire beaucoup de consolations, bien plus grandes que je ne pourrais vous le dire par lettre ou vous l’expliquer en votre présence. […] Votre fils minime dans le Christ. François |
Dans une lettre écrite le même jour à Simon Rodrigues, à Lisbonne, François Xavier prononce un jugement sévère sur la présence portugaise en Asie : « Je suis effrayé de voir que tous ceux qui arrivent de là-bas trouvent tant de modes, de temps et de participes à ce misérable verbe « je vole-tu voles ». Ceux qui arrivent munis de ces charges sont si cupides que jamais ils ne lâchent rien de ce qu’ils prennent. Vous pouvez donc déduire de cela combien, parmi ceux qui arrivent munis de charges, il en est qui sont en mauvaise posture pour passer de cette vie à l’autre. »
6) François Xavier désire alors quitter l’Inde pour le monde malais, Malacca et poursuit son voyage. Le monde indonésien est en voie d’islamisation depuis le XIIIe siècle : il convient de mettre un terme à cette tendance. Ainsi il quitte le cap Comorin pour les îles Macassar, fait étape plusieurs mois dans une ville appelée Malacca. Enfin il aborde aux îles Moluques.
Ses lettres s’attardent parfois sur la description des pays qu’il traverse. Les coutumes anthropophages l’ont particulièrement choqué, comme nous pouvons le constater dans l’annexe d’une lettre datée du mois de mai 1546 et livrant de nombreux détails. Le missionnaire se trouve alors à Amboine, petite île de l’archipel des Moluques, qui sera célèbre un peu plus tard pour ses noix de muscade et sa girofle.
Amboine, le 10 mai 15466. Aux compagnons vivant en Europe7. […] Les gens de ces îles sont très barbares et pleins de traîtrise. Ils sont plutôt bruns que noirs et ce sont des gens extrêmement déplaisants. Il y a, dans ces parages, des îles où les gens se mangent les uns les autres ; c’est ce qui arrive quand les uns sont en guerre contre les autres et qu’ils sont tués au combat et non pas dans d’autres circonstances. Lorsqu’ils meurent à la suite d’une maladie, on sert à manger leurs mains et leurs talons au cours d’un grand banquet. Ces gens sont si barbares qu’il y a des îles où un voisin (quand il veut donner une grande fête) demande à son voisin de lui avancer son père, pour le manger, s’il est très vieux ; ceci, contre la promesse qu’il lui donnera son propre père quand ce dernier sera vieux, le jour où il voudra offrir un banquet. D’ici un mois, j’espère bien aller dans une île où les gens se mangent les uns les autres quand ils s’entretuent à la guerre, île où également les gens s’avancent mutuellement les pères quand ils sont vieux, pour donner des banquets. Les gens de cette île veulent être chrétiens et c’est la raison pour laquelle je m’en vais là-bas. […] Ces îles sont tempérées et couvertes de grandes et épaisses forêts. Il y pleut souvent. Ces îles des Moluques sont si montagneuses et il est si difficile de s’y déplacer qu’en temps de guerre, les gens montent sur les hauteurs qui sont leurs forteresses. […] La terre y tremble souvent et la mer aussi, au point que sur les bateaux qui naviguent lorsque la mer tremble, les gens qui sont à bord ont l’impression qu’ils heurtent des rochers. C’est une chose effrayante de voir trembler la terre et plus encore la mer. Un grand nombre de ces îles crachent du feu hors d’elles-mêmes en produisant un bruit si fort qu’il n’est point de tir d’artillerie, pour grand qu’il soit, qui fasse autant de bruit ; aux endroits par où sort ce feu, son élan est si grand qu’il entraîne avec soi des rochers très gros. Faute d’hommes pour prêcher dans ces îles sur les supplices de l’enfer, Dieu permet que les enfers s’y ouvrent, pour la confusion de ces infidèles et de leurs abominables péchés. Chacune de ces îles possède une langue propre et il
y a même une île où chaque village possède
une langue différente. La langue malaise, celle que l’on
parle à Malacca, est très répandue en ces contrées.
Pendant mon séjour à Malacca, c’est dans cette langue
malaise que, non sans peine, j’ai traduit le Credo, assorti d’une
explication de ses articles, la confession générale, le
Pater Noster, l’Ave Maria, le Salve Regina et les commandements
de la Loi, afin qu’ils me comprennent quand je leur parle de choses
importantes. |
On ne peut s’empêcher de penser à un chapitre des Essais de Montaigne, écrit une trentaine d’années plus tard, le chapitre Des Cannibales (Essais, I, 31), dans lequel Montaigne décrit les mœurs anthropophages des Indiens du Brésil. Mais Montaigne n’en fait pas une lecture édifiante. Il exprime même sa conviction que les sauvages du Brésil sont bien plus civilisés que les Européens, et que la barbarie n’est pas toujours où l’on croit.
7) Néanmoins François Xavier tire un bilan plutôt négatif de cette mission indienne : il estime que « le sud de l’Asie est le lieu où l’on peut le plus facilement perdre la vie du corps comme celle de l’âme. Ni l’Eglise ni la Compagnie de Jésus ne pourront rapidement s’y étendre, à son avis »8. Mais un autre projet occupe notre apôtre des Indes : le Japon. Ce désir est né de la rencontre avec Anjirô. Anjirô était un noble d’une quarantaine d’années, appartenant peut-être à la classe des samouraïs. En quête d’un maître spirituel, il avait été attiré par la réputation de François Xavier, et avait quitté le Japon pour Malacca. Mais si François Xavier désire se rendre au Japon, c’est également pour s’éloigner des zones d’influence portugaise. En effet, bien souvent « Les intérêts spirituels de l’Eglise sont en conflit avec l’œuvre coloniale»9 et sa mission se trouve entravée.
Au Père Ignace de Loyola, à Rome10 Cochin, le 12 janvier 154911 […] A cause des informations nombreuses que je possède sur le Japon qui est une île située près de la Chine, parce qu’au Japon tout le monde appartient à la gentilité et qu’il n’y a ni Maures ni Juifs, que ce sont des gens très curieux d’esprit et très désireux d’apprendre des choses nouvelles aussi bien sur Dieu que sur les autres choses naturelles, j’ai pris la décision d’aller dans ce pays, avec une grande satisfaction intérieure, car il me semble en effet que, parmi des gens tels qu’eux, on peut faire que le fruit que par notre vie, nous autres membres de la Compagnie, nous produirions, soit continué par eux-mêmes. Il y a au collège de la Sainte Foi à Goa trois jeunes originaires de ce pays du Japon, qui sont venus en l’année 1548 de Malacca en même temps que moi ; ceux-ci m’ont fourni une ample information sur ces contrées du Japon et ce sont des personnes de bonnes mœurs et d’une grande intelligence, principalement Paul […]. En huit mois, Paul a appris à lire, à écrire et à parler portugais ; il fait à présent les Exercices et il va en retirer un grand profit ; il est très avancé dans les choses de la foi. Je possède une grande espérance, et celle-ci est tout entière en Dieu notre Seigneur, que bien des gens deviendront chrétiens au Japon. […] Nous devons passer d’abord par Malacca et par la
Chine, et ensuite au Japon, car il doit y avoir entre Goa et le Japon
mille trois cents lieues ou plus. Je n’en aurais jamais fini d’écrire,
tant est grande la consolation intérieure que j’éprouve
en entreprenant ce voyage, puisqu’il comporte de nombreux grands
dangers de mort, de grandes tempêtes, des vents, des écueils
et de nombreux pirates : quand sur quatre navires il y en a deux qui
se tirent d’affaire, c’est une grande réussite. Je
ne renoncerai pas à aller au Japon, en raison de l’abondance
que j’ai ressentie au dedans de mon âme, quand bien même
j’aurais la certitude de me trouver en des dangers plus grands
que ceux où je me suis jamais vu : j’en en effet une très
grande espérance en Dieu notre Seigneur que notre sainte Foi
va beaucoup s’accroître en ces contrées. |
On trouve les mêmes propos dans deux autres lettres que François Xavier envoie au même Ignace de Loyola. En effet, il ne faut pas l’oublier, l’incertitude du courrier est telle qu’il vaut mieux doubler ses envois. Dans la troisième lettre12, le missionnaire donne quelques précisions sur l’alphabet du Japon :
Je vous envoie l’alphabet du Japon. Les Japonais diffèrent beaucoup des autres par la manière d’écrire, car ils commencent par le haut et descendent directement vers le bas. J’ai demandé à Paul le Japonais pourquoi ils n’écrivent point de notre façon ; il m’a répondu : pourquoi vous, plutôt, n’écrivez-vous pas de notre façon ? De même que, de fait, la tête est au sommet de l’homme et les pieds en bas, de même les hommes, lorsqu’ils écrivent, vont d’en haut vers en bas.
Ainsi, la notion de relativisme fait lentement son chemin.
1 Correspondance, p. 76.
2 D’après une copie de 1543.
3 Correspondance, p. 153.
4 D’après une copie de 1547.
5 Tamoul.
6 Correspondance, p. 179 et suivantes.
7 Copie de 1553.
8 Correspondance, p. 244.
9 Correspondance, p. 267.
10 Correspondance, p. 248 et suivantes.
11 Copie datant de 1585. On a cependant gardé un résumé de la lettre que lui fit Ignace de Loyola en réponse.
12 Correspondance, p. 258.
La correspondance de François Xavier (I/III)
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