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Regards sur le Festival International des Programmes Audiovisuels de Biarritz

“Le FIPA c’est 5 jours de télévision idéale” : voilà comment nous est présenté le Festival International des programmes Audiovisuels de Biarritz, que ce soit sur son site web ou sous la plume des journalistes. En 1987 Michel Mitrani, réalisateur et Pierre-Henri Deleau, initiateur de la Quinzaine des Réalisateurs, fondent l’association FIPA. Cette création est le fruit d’une indignation face au “chaos” d’une télévision commerciale qui s’enlise dans la course effrénée à l’audience, laissant de côté la recherche de la qualité et de l’innovation. Le FIPA souhaite donc incarner depuis 23 ans une alternative à la majorité des programmes diffusés à la télévision. En effet, chaque hiver, le FIPA investit Biarritz pour promouvoir la création audiovisuelle internationale. A travers la projection de centaines de programmes et l’organisation de multiples événements à l’adresse de publics spécifiques (professionnels, public jeune etc.) le festival met en lumière une “autre” télévision. Documentaires engagés politiquement, formats originaux, sujets pointus, programmes étrangers sont autant de caractéristiques qui n’effraient pas le FIPA (là où elles sont généralement rédhibitoires pour beaucoup de chaînes) car il a pour uniques maître-mots “indépendance et qualité”, deux critères fondamentaux sur lequel les programmes sont sélectionnés.

Pendant plusieurs mois nous avons étudié le FIPA dans tous ses rouages : nous avons analysé son fonctionnement, son organisation interne, le réseau dans lequel il s’inscrit et le contexte dans lequel il évolue pour déterminer la place qu’il occupe et mesurer l’éventuel écart avec la place qu’il souhaiterait occuper. Nous avons fondé notre étude sur une observation du FIPA mais aussi sur le recueil d’une cinquantaine de témoignages d’anciens dirigeants du festival, d’organisateurs, de partenaires, de professionnels de l’audiovisuel, de professeurs, d’étudiants, de membres de jury, du grand public. Notre mémoire est constitué de trois sections, la première étant dédiée aux relations entre le FIPA et les professionnels.Le FIPA est un festival résolument tourné vers la création. Son indépendance financière, notamment vis-à-vis des chaînes de télévision, fait de lui un des rares festivals internationaux à promouvoir des programmes audiovisuels seulement pour le sens qu’ils portent, le message qu’ils souhaitent délivrer, la qualité de l’image et du propos, et non pour la promotion de telle ou telle groupe de presse. Ce parti pris d’indépendance, gage de qualité et d’une certaine justesse dans la sélection des programmes, constitue à la fois l’atout majeur du festival mais aussi un point faible. Notre étude tend à montrer que le FIPA échoue dans sa mission de vente de programmes entre autres car il est axé quasi exclusivement sur le versant créatif au lieu de travailler aussi à la mise en lumière du versant de la diffusion. En effet, au regard des nombreux entretiens effectués auprès de professionnels de l’audiovisuel, il apparaît que le FIPA joue dans le milieu audiovisuel un rôle de découvreur de talents, de mise en relation des professionnels et sert donc parfois de tremplin. En revanche il ne joue pas encore le rôle de marché de l’audiovisuel et sur le Fipatel les programmes ne se vendent pas autant que le souhaiterait le FIPA. La frilosité des chaînes, tant déplorée par Pierre-Henri Deleau, s’explique évidemment par une peur de la prise de risque et de l’audace. Choisir le programme d’un réalisateur complètement inconnu, ou, pire pour les chaînes, d’un réalisateur étranger (non américain, non britannique) représenterait une potentielle perte d’audience, encore inenvisageable malgré la réforme de l’audiovisuel public. Pour inciter les chaînes à acheter les programmes présentés au FIPA, le festival met en place des points de rencontres entre créateurs et diffuseurs qui doivent faciliter les “négociations”. Cependant cela ne suffit pas et la position critique, parfois radicale, du festival par rapport à la télévision peut aussi jouer dans le désengagement des chaînes. C’est pourquoi nous nous permettons dans ce mémoire de faire quelques préconisations qui permettraient, entre autres, d’améliorer les relations FIPA-télévision et donc les ventes sur le Fipatel.

Photo: emrank

Photo: emrank.

La deuxième partie de ce mémoire est consacrée aux publics du FIPA, car il n’est pas un public unique sur le FIPA mais bien différents spectateurs. Nous analysons donc ici les événements organisés par le FIPA à l’égard des trois types de publics (grand public, public scolaire, public étudiant). Il ressort de cette étude l’incontestable succès du travail d’éducation à l’image. En effet, le service du FIPA en charge de l’éducation à l’image (nommé “la mission aux universités”) permet chaque année à des centaines de collégiens et lycéens de découvrir des programmes inédits, d’en rencontrer les réalisateurs et d’évoquer avec eux, non seulement le sujet des films mais aussi la manière dont ils ont été tournés. Ouverture au monde, compréhension de l’histoire et des cultures, décryptage de l’image sont aussi le leitmotiv du Jury de Jeunes Européens, formidable projet citoyen, humain, interculturel que nous évoquons à travers les témoignages d’anciens jurés venus des quatre coins de l’Europe. La venue sur le FIPA d’étudiants en audiovisuel, cinéma et journalisme est encore un point positif du festival, qui facilite ainsi la création d’un réseau professionnel et l’apprentissage sur le terrain. Seul bé mol relevé au fils des entretiens: la mise à l’écart du grand public, qui revendique plus d’implication dans la manifestation, notamment à travers l’ouverture de certains événements jusque là réservés aux professionnels ou aux étudiants. Là encore nous nous permettons de proposer quelques pistes de réflexion pour une meilleure intégration de tous les publics. Ces pistes sont développées dans la dernière partie du mémoire qui est constituée d’un bilan du FIPA et de perspectives d’avenir, issues de notre propre étude mais aussi des projets dessinés par les nouveaux dirigeants du FIPA.

Lors de la dernière édition, Pierre Henri Deleau, surnommé “l’âme du FIPA”, le “visionneur visionnaire” qui sélectionnait à lui seul les centaines de programmes diffusés, a quitté le festival. Son départ marque un tournant dans l’histoire du FIPA, la fin d’une époque qui coïncide avec le début d’une nouvelle ère audiovisuelle (réforme du service public, prédominance des nouvelles technologies, télévision numérique etc.). Nous avons souhaité inscrire notre recherche à ce moment précis, pensant que l’heure d’un état des lieux avait sonné pour mieux regarder vers l’avenir. Nous retenons donc la dernière partie du mémoire les principaux points forts du FIPA suivants : le travail d’éducation à l’image, la mise en réseau des professionnels, la promotion d’une télévision de qualité, la dimension internationale et interculturelle ou encore la politique tarifaire attrayante. Les points faibles à souligner sont : l’échec dans le vente de programmes, la segmentation des publics défavorable au grand public et l’absence d’études/ de statistiques sur le FIPA. Nos préconisations, bâties sur ce constat, concernent entre autres l’amélioration du travail auprès des diffuseurs, le renforcement de l’axe éducatif, l’élargissement de l’offre culturelle auprès du grand public et l’acquisition d’outils d’évaluation indispensables à tout projet culturel. Enfin nous terminons notre analyse du Festival International des Programmes Audiovisuels sur les projets d’Olivier Mille, nouveau président du FIPA, et Teresa Cavina, nouvelle déléguée générale. L’édition 2010 sera placée sous le signe du changement : prise en compte des nouveaux supports de visionnage, travail auprès des chaînes de télévision, création de nouveaux événements forts etc. L’éthique du festival restera cependant la même. Le FIPA, festival hors du commun, garde pour principes : qualité, innovation, référence, indépendance et diversité.

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