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Eric DICHARRY, Anthropologue
Cette thèse s’inscrit dans la lignée des nouvelles interprétations initiées par Turner. Elle n’envisage plus le rite sous le seul angle de son efficacité symbolique mais comme un discours, ou un méta-discours, que la société souletine tient sur elle-même tant à travers les exégèses qu’en donnent les interessés que par les actes qu’ils accomplissent. Cette recherche s’inscrit dans la longue lignée des études où les chercheurs ont pratiqué le terrain, de Lewis Henry Morgan chez les Indiens Iroquois, à Bronislaw Malinowski en Mélanésie chez les Trobriands, de Franz Boas chez les Indiens Kwakiutl de la côte nord-ouest des Etats-Unis, à Evans-Pritchard chez les Nuers du Soudan, de Françoise Héritier-Augé chez les Ashanti à Margaret Mead chez les Samoans, ou encore de Pierre Clastres chez les Indiens Guayaki, pour lesquels le recueil direct constituait la démarche préalable à toute approche ethnologique. Nous avons ainsi pu personnellement vérifier que le terrain est bien cet espace ou poussent les faits et ou le chercheur doit se rendre pour collecter ses informations. La thèse que Monsieur le directeur et les membres du jury ont entre les mains est composée de quatre parties principales qui sont : dramaturgie du rite carnavalesque, rhétorique et poétique, les chemins du rire et théâtre, discours et société.
Elle présente la province de Soule dans laquelle se déroulent les mascarades mais seulement dans une partie des villages. Après une description de la géographie physique de la Soule, le tableau est celui d’une zone en évolution rapide, se débasquisant sur le plan linguistique, se “désagricolisant” sur le plan économique, rattachée par de nombreuses structures au Béarn voisin plus qu’aux autres provinces basques. La connaissance de la situation économique, politique, démographique et linguistique des habitants a donc été un préalable essentiel à la recherche puisqu’elle a rendu intelligible le discours des mascarades, discours prenant appui sur cette réalité. Les discours examinés sont ceux des villages de Barcus en 1995, de Musculdy en 1996, de Larrau en 1997 et d’Idaux-Mendy en 1999. Dans les deux groupes des mascarades, ces discours sont tenus par les “noirs” et non par les “rouges”. Il est d’usage que les acteurs “rouges” participent au chant final avec l’ensemble de la troupe. La recherche revient sur l’observation participante qui m’a conduit à jouer le rôle d’assistant médecin pour les mascarades de Barcus en 1995. La recherche puise dans cette participation observante les sources nécessaires à la réalisation d’une ethnographie originale, ce qui donne aux transcriptions des énoncés et aux descriptions des interactions verbales une portée documentaire dont ce travail tire sa vertu cardinale. Jamais, en effet, les mascarades ne sont considérées comme un fait acquis qu’il suffirait de recueillir pour l’analyser ou l’insérer dans des typologies préexistantes. La recherche propose de considérer les mascarades comme un fait construit dont j’observe et décrit la fabrication, à partir d’une attention portée “de l’intérieur” des interactions, dans lesquelles je me suis personnellement immiscé. Ce pari fait la signature anthropologique de ce travail. La thèse scrute les termes du dialogue incessant de ma position d’ethnographe entre mon poste d’observation et ma posture d’observateur. Mon entrée dans la troupe constitue un moment crucial de l’étude. C’est par cette entrée que je suis passé du simple spectateur, allocutaire des rémouleurs pour les mascarades de Barcus en visite à Esquiule, à un acteur à part entière pour ces dernières dans le village de Barcus. Ce passage m’a permis de me procurer à la fois un poste d’observation et l’autorité pour rendre compte de ses observations. En ce qui concerne le traitement de la langue basque, j’ai fait l’effort d’apprendre la langue et d’en faire un outil de communication (objectif qui n’est pas toujours réalisé par d’autres chercheurs sur un terrain exotique linguistiquement parlant).
La recherche commence par une description du spectacle des mascarades, et reprend pour les comparer, les descriptions de Georges Hérelle, en particulier sur la disparition, apparition de personnages d’une année sur l’autre, changement de désignation, l’actualisation de personnages, la féminisation des rôles, le transfert du rôle de cantinière à celui de bohémienne, toute cette partie présente des observations et montre l’apparition chez les acteurs d’un méta-discours en liaison sans doute avec une conscience politique nouvelle dont celle du mouvement nationaliste basque sous une version très particulière à la province de Soule. Dans le développement “pour une interprétation des mascarades” la recherche fait un état de la question par un rappel des interprétations proposées à ce jour par Alford, Hérelle, Guilcher, Bade, Mazéris et Garamendi. La recherche insiste pour sa part sur les dynamiques et les transformations qui touchent les codes linguistiques à l’oeuvre dans les mascarades souletines ce qui lui permet d’élaborer sa propre interprétation basées sur les théories ethnolinguistiques. Face à une débasquisation de la province, le rite s’adapte, se modifie, se basquise dans ses codes linguistiques et vestimentaires réduisant la distance qui séparait au début du XXème siècle les deux groupes “noirs” et “rouges”. Ces transformations, en rendant de plus en plus difficile, pour les habitants, les signes de reconnaissance des personnages, modifient le rite dans son ensemble.
Les mascarades sont beaucoup plus que les mascarades pour reprendre la formule de Rouget sur la musique. En énonçant les secrets des villages sur la place publique, elles font taire les rumeurs qui peuvent mettre en danger l’intégrité de la collectivé souletine. Elles rétablissent et rééquilibrent dans les villages souletins qui les montent la dynamique des éléments du système complexe de relations interpersonnelles. En proposant la vision utopique d’une Soule rebasquisée, resouletinisée, réunifiée, les mascarades projettent l’image d’une nouvelle société et redonnent espoir à une collectivité en proie à une remise en question de ses valeurs fondamentales. La réappropriation de la langue, de la danse, du chant, du théâtre, des rites, de la culture devient une réponse désaliénante face à la perte des repères identitaires.
La grande liberté d’expression des discours des mascarades est présentée. La relation entre rire et verbalisation, rire et gestuelle est analysée. Les divers modes de rire sont distingués. La façon dont les acteurs alimentent les propos comiques à partir du quotidien partagé par les habitants d’une commune est illustrée par des exemples de première main. La recherche se réfère aux travaux d’Henri Bergson et de Jean Duvignaud. Les mascarades partagent avec les farces médiévales ses bruits incongrus, ses gestes grossiers, ses déguisements grotesques, ses feintes et simulations, son comique scatologique et obscène. Les transgressions qu’elles soient politiques, sociales ou religieuses sont autant d’occasions de libérer le rire. C’est dans la transgression des tabous du sexe, du sang que le rire trouve sa source d’inspiration. Un rire bruyant, libre, émancipé de toutes contraintes morales. Le rire est surtout provoqué par les excès du corps. Ce corps de Pitxu qui sera mortellement blessé, pendant une dernière mêlée et qui renaîtra grâce aux soins des docteurs qui sortiront et jetteront au public, pendant une opération, ses intestins et ses entrailles. Les extravagances de Pitxu laissent entrevoir un corps de caractère génital. La sexualité vient ici s’ajouter au thème de la mort. Aux conceptions sociales et morales de la société comme il faut, correspond la libération par excès des corps du groupe des “noirs”, et plus particulièrement du corps de Pitxu. L’accouplement exprime bien l’idée que le physique est mis en scène dans ses expressions élémentaires. Comme le note Jacques Lacroix dans son analyse du discours carnavalesque à propos du “Jutjoment de Bolego”, par le masque et le déguisement, le corps franchit sous sa forme exagérée ses limites naturelles. L’idée de fécondité du corps d’où un deuxième émerge toujours et qui doit nécessairement dépérir et mourir, trouve dans les mascarades une parfaite illustration. Le discours carnavalesque peut être analysé dans sa manifestation syntagmatique : le jeu sujet-destinataire, c’est-à-dire horizontal, ou sur l’axe vertical dans l’espace intertextuel. Le discours carnavalesque qui fixe le rire populaire est de nature constante. Il transgresse le code linguistique et social du groupe par l’utilisation de la langue vulgaire, des insultes et un usage du béarnais comme langage comique. La mascarade des Noirs, licencieuse, libidineuse, hédoniste, libertaire se nourrit de propos puisés dans les registres du scabreux, du grivois, du cynique, du caustique ou moquerie, satire et ironie sont les maitres du jeu. Elle donne une leçon sur l’humaine condition en recourant au rire grinçant, à la drôlerie, à la plaisanterie, à la farce, à l’humour et au travestissement. Les acteurs-performeurs en jouant avec les règles de l’ironie dispensent un message moraliste empreint d’immoralité, ils pratiquent la transmutation des valeurs en présupposant que le destinataire du signe sera dans la capacité de restaurer l’ordre voulu par le démiurge auteur-énonciateur. Le discours qui s’appuie sur la dérision et le grotesque, vient conforter les costumes et la gestuelle des acteurs. Dans les mascarades la satire frappe les personnes en typifiant l’individu, la fonction officielle en opposant les fonctionnaires aux paysans. La critique du hongreur au monsieur qui tient ce rôle pour les mascarades de Lacarry en 1996 est exemplaire : il critique sa fonction en ridiculisant son emploi du temps journalier. Les énoncés des mascarades renvoient donc à un contexte social, économique, linguistique et politique. Elles n’hésitent pas à prendre pour cible Jacques Chirac et sur le mode allusif à se référer au parti politique du RPR Rassemblement Pour la République pour le transformer en Repartir Pour Rigoler.
Dans sa manifestation syntagmatique (le jeu sujet-destinataire), le discours carnavalesque véhicule à la fois une transgression du code linguistique et social mais il reste dans les limites de la loi prévoyant sa transgression. La société lit un langage social, plénier et s’affirme en le niant. Les énoncés de ce théâtre populaire ne véhiculent cependant pas qu’une négation stérile. La littérature laudative, surtout celle développée par les rémouleurs dans les couplets et celle qui se donne à entendre dans les chants de fins des mascarades, conforte la société dans ses valeurs sociales, linguistiques avec une insistance sur l’importance de parler la langue basque, de poursuivre les traditions comme la composition des chants, l’organisation des pastorales. La société ne s’affirme donc pas en niant ce langage ; elle se conforte en le faisant sien. Dans l’espace intertextuel, les représentations grotesques et l’image du corps confirment que la transgression n’est pas négatrice et stérile mais aussi régénératrice. La littérature orale des mascarades développe un discours “dialogique”. Il est actif, transitif, politique. Le rire permet donc aux Souletins, c’est-à-dire à tous ceux qui parlent le dialecte souletin ou la langue basque, de se regrouper. Le rire est unificateur, il rassemble l’ensemble des habitants du village capables de comprendre les énoncés. Les mascarades peuvent être définies par la satire qu’elles véhiculent, (au niveau de tous les genres de sa littérature, des poèmes des rémouleurs, aux prêches de Kabana...), comme un rite de purification collective qui donne la possibilité au village, qui rit de lui-même, de se libérer de ses tensions. L’anthropologie du rire en analysant les réseaux lexicaux et les représentations iconiques s’interroge sur le caractère réellement définitoire du rire ; elle établit la place qui est la sienne dans le discours et précise sa fonction argumentative ; elle caractérise le type de relations qu’il présuppose ou qu’il induit, notamment dans les rapports sociaux et politiques et prend la mesure des écarts, des ruptures ou des similitudes entre théorie et pratique.
Le contenu de la littérature orale témoigne des préoccupations des auteurs, de leur vie professionnelle, de leurs opinions politiques. Il témoigne aussi de la transformation de la société souletine. La société rurale n’est plus homogène et les paysans propriétaires de leurs terres sont de moins en moins nombreux. Depuis 1970, la Soule a vu le nombre de ses exploitations agricoles diminuer alors que la productivité connaissait une forte progression ; moins d’agriculteurs produisent aujourd’hui davantage sur une moindre surface. La littérature des mascarades ne cesse de faire allusion à cette situation économique. Elle évoque les problèmes des jeunes et le chômage en particulier, l’actualité de secteurs économiques comme l’agriculture et l’élevage, la place du Syndicat basque ELB (Euskal Laborarien Biltzarra). L’analyse de la littérature orale permet d’accéder au mode de vie des habitants (des villageois), aux valeurs socio-culturelles des auteurs des énoncés, aux désirs et aux craintes de l’ensemble de la société villageoise car le thème de vivre et de travailler au pays est ici central. Tous les marqueurs de l’identité souletine sont ainsi mis en exergue. Ici, c’est la fierté d’appartenir à une même culture qui est mise en avant. Être souletin, c’est donc non seulement porter un patronyme basque, mais c’est aussi participer aux formes traditionnelles de la culture populaire de ce pays. Participer aux mascarades, c’est affirmer son attachement à sa famille, à sa maison dont les Souletins comme les Basques tirent originellement leurs noms, à son quartier, à son village, à son pays (le Pays de Soule), à sa province (la Soule), au Pays Basque. L’analyse des mascarades met en lumière ces cercles d’appartenance. Les thèmes abordés dans les mascarades font donc partie des thèmes traditionnels de la littérature orale. Ils ne prennent en quelque sorte leur spécificité qu’en raison du contenu qui traite des problèmes et des histoires souletines. Il existe donc des thèmes communs aux différents énoncés des divers acteurs.L’analyse des textes était restée secondaire ou embryonnaire. Ils n’analysaient que rarement les énoncés et jamais les rapports entre le dialecte souletin et les autres langues utilisées, à savoir le français et le béarnais et depuis peu le basque unifié (batua). Cette absence tenait à la non-maîtrise du dialecte souletin et de la langue basque par la plupart des chercheurs qui ont écrit sur les mascarades, au mépris donc de l’exigence fondamentale de la discipline anthropologique, qui devrait être respectée ici comme ailleurs, à savoir la compétence linguistique. Jusque dans les années 1980, faute de parler le souletin, les chercheurs se sont attachés à décrire le déroulement des représentations, les costumes, et surtout les danses.
L’association Eusko Ikaskuntza (qui nous a gratifié d’une bourse de recherche aboutissant à la publication par la Société d’Etudes Basques de certains de nos travaux) est partie prenante dans cette nouvelle orientation des recherches. Le colloque international qu’elle a organisé les 13 et 14 mai 1998 à la Faculté pluridisciplinaire de Bayonne sur les formes de théâtre populaire d’origine médiévale illustre bien, en particulier grâce aux conférences de Kepa Fernandez de Larrinoa, de Patri Urkizu et d’Inaki Mozos qui utilisent le basque comme langue de recherche, cet avènement d’une anthropologie basque en langue basque.
Dans un contexte de crise linguistique, la connaissance de la langue par les chercheurs en sciences sociales devient centrale. Ceux qui se sont adressés pour obtenir des informations à des personnes qui participent à la dynamique culturelle s’en aperçoivent bien vite car, s’ils ne remplissent pas cette condition, ils se verront bien souvent répondre : “Ah ! vous faites encore partie de ces chercheurs français qui souhaitent étudier la culture basque sans parler la langue”. S’exprimer en français face à de tels allocutaires devient une provocation, ou du moins une impolitesse. La crise radicalise les positions ; elle permet ainsi de mieux appréhender les engagements. Par ces temps difficiles pour la langue basque, l’ethnologue constate une mobilisation d’une partie de la population pour la défense d’une langue qu’ils considèrent “en danger de mort”.
Mon objet —les mascarades souletines— s’est donc dessiné dans toute sa complexité au croisement d’un double mouvement qui traduit sur deux plans distincts le surgissement institutionnel, politique et intellectuel de la culture basque. En premier lieu, le regard sur la mascarade s’est, dans un parcours d’un siècle fait de sauts et de ruptures, peu à peu approché d’une vision “totale”, c’est à dire complexe et contextualisée, de ce théâtre. En second lieu l’importance, récemment reconnue, des énoncés qui actualisent ce théâtre m’a conduit personnellement à renverser la perspective habituelle et à partir de la langue basque.
Je retiendrais pour terminer cette présentation, trois paradoxes qui sous-tendent ce discours. Le premier oppose et relie la revendication souvent affichée d’une improvisation libre, d’un désordre joyeux, d’un brouillage des catégories de “ce qui est dit” et de “ce qui ne se dit pas” et l’extrême rigueur formelle et scénique qui préside à ces compositions et à leurs représentations. Nous avons vu à quel point le rapport entre type de masque et contenus du discours était rigide. Ce qui permet de conclure qu’il n’y a pas d’invention déroutante et innovante qui, dans ce théâtre, ne tire ses ressources d’une fidélité au dire coutumier. Le second paradoxe touche aux ressorts du rire, qui est l’effet que vise ce discours. La mascarade affiche d’une part une intention de dévoilement des faits locaux. Non qu’il s’agisse de publier des secrets —ce que raconte la mascarade sur les conduites privées sont des “secrets de polichinelle”— mais plutôt, de proclamer dans la rue et sur les places, y compris des villages voisins, ce qui se colporte à mi-voix et avec des airs entendus. On passe donc du cercle étroit de la connivence à l’espace public. D’autre part, le discours de la mascarade consiste à rimer et chanter sur des faits et des personnages de l’actualité nationale que tout le monde connait par la presse et la télévision. Il ne s’agit plus de révéler un secret mais de ramener à la familiarité les éléments lointains de l’actualité et de la vie politique. Ce double mouvement —publier l’intime et familiariser le lointain médiatique— est la racine du rire. Celui-ci naît d’un double déplacement, symétrique et inverse. Le troisième paradoxe tient au statut de la langue et des langues dans ce discours. Et il y a là une tension historique tout à fait contemporaine. Les spécialistes de la tradition orale en Europe constatent que presque toujours celle-ci se réalise dans une langue, un dialecte et un niveau de langue dominés. La prise de conscience de la valeur de ces langages et des formes d’expression dont ils sont porteurs est le plus souvent militante. Elle s’accompagne, par conséquent, d’un souci de restituer de la ³pureté² linguistique, pureté ternie par la domination de la langue dominante, en l’occurrence le français. On sait par exemple, que les auteurs récents de certaines pastorales recourent au souletin littéraire. Or, et là encore les ethnologues et ethno-linguistes de la tradition orale nous tiennent en éveil, le rapport des langues et des cultures est précisément un des thèmes centraux du récit et du théâtre comique. Le jeu avec la hiérarchie des langues, l’utilisation typifiante ou caricaturale des langues voire des accents sont des thèmes et des procédés qui forment l’outillage premier de ces genres populaires.
Tout en faisant mienne la nécessité rarement défendue jusque là, de partir de la langue basque comme langue de création de ces textes, j’ai tenu à souligner la réalité signifiante des jeux plurilingues qui les animèrent et qui en constituent souvent l’arme satirique. Un chassé croisé entre l’intimité identitaire et l’espace public englobant, une représentation sur toile de fond basque, des oppositions linguistiques les mieux incorporées, telles sont, au terme de ce parcours, les trois fils que j’ai tenté de tresser ensemble.
Pour conclure sur le sujet qui nous réuni aujourd’hui dans le cadre de ce disputatio universitaire, et afin de respecter le temps qui m’était imparti, j’en finirai en ajoutant simplement à cette présentation que les mascarades nous renvoient à la grande leçon que donnaient Démocrite, Epicure, Foucault et Nietzche, tous ces grands matérialistes qui considéraient à juste titre que quand on pouvait être tenté par le désespoir, il nous restait la possibilité de rire. Ce rite en ouvrageant la vie propose à une Soule en questionnement sur son passé, son présent et son devenir, une possibilité d’éterniser le rire et d’accéder à la jubilation par la volupté de vivre et la joie d’exister.
Opinion des lecteurs:
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