Nora Arbelbide
Traduction: Nora Arbelbide
Jatorrizko bertsioa euskaraz
Robert Lamerens est le président de la Maison Basque de Paris. Il a vécu la transition entre l’ancienne maison qui se trouvait dans le 16ème arrondissement et la nouvelle placée à Saint Ouen, hors Paris « intramuros », mais près du metro Garibaldi. Ce déménagement est, pour la Maison Basque, un événement important dans la mesure ou elle n’a pas changé de place depuis 50 ans, soir le début de son aventure. Le 4 octobre dernier, environ 400 personnes se rassemblèrent pour inaugurer cette nouvelle adresse, 59 avenue Gabriel Péri. La maison est certes plus spacieuse, elle est aussi plus éloignée des voisins, mais il reste encore beaucoup à faire avant que les travaux se terminent. Nous avons rencontré Lamerens au Pays basque, à Bayonne. Profitant de quelques jours de repos, il n’avait pas hésité à descendre.
![]() |
De gauche à droite: Pierre Xarritton, l'un des fondateurs de la Maison Basque de Paris, Pablo Joxe Aristorena, directeur de la Maison Basque, Jean Jacques Lasserre, président du Conseil Général des Pyrénées Atantiques, Monseigneur Pierre Molères, évêque de Bayonne, Louis Domecq et son épouse, Robert Lamerens et Jose Maria Muñoa représentant le Gouvernement Basque, chargé des relations étrangères. |
Vous venez de déménager du 16ème arrondissement pour vous installer à Saint Ouen, pourquoi ce changement ?
Nous ne pouvions plus organiser d’activités à la rue Duban. Les locaux n’étaient pas fait pour ça. Le 16ème arrondissement est un quartier huppé. La rue est très calme. Le quartier tolérait encore le bruit il y a 20 ans, mais dernièrement, ça ne passait plus. Les voisins ont créé une association contre le foyer basque et toutes ses activités qui génèrent forcément du bruit. Ils ont porté plusieurs fois plaintes. En tous les cas, à Saint Ouen, nous ne risquons pas de géner les voisins, nous avons une voie ferrée d’un côté, et une paroisse de l’autre. Nous disposons, en plus, d’une cour intérieure.
La Maison basque agée de 50 ans, elle en a vu passer des basques, le rapport qu’entretiennent les adhérents avec elle est-il toujours le même ?
Il y a 50 ans ou même 20 ans, à l’époque où moi même je venais d’arriver à Paris, il y avait du monde tous les dimanches. On essayait de retrouver un coin du Pays basque à Paris. De nos jours, lorsqu’on a envie de se sentir au Pays basque, il est très facile de descendre. Nous sommes à cinq heures de Paris. Moi même je n’hésite pas.
![]() |
|
Robert Lamerens remet le makila à Louis Domecq. |
Les attentes ne doivent pas être les mêmes ?
Nous n’essayons plus de reconstituer tout ce qu’on a quitté au Pays basque, dans se sens, nous nous differencions maisons basques plus éloignés. On recherche autre chose, peut-être des rencontres, un partage, mais ce n’est pas systématique. Les adhérents n’ont pas envie d’y être tout le temps. Ils préfèrent venir lorsqu’il y a des événements qui marquent l’année. Pour nous, l’organisation est plus difficile, étant donné que la Maison marche grâce aux bénévoles. Auparavant, du temps où les gens venaient tout le temps, on pouvait compter sur eux. Ils donnaient beaucoup. Maintenant, lorsqu’ils viennent à la maison, les adhérents n’ont pas forcément envie de travailler. Ils viennent plutôt en tant que consommateurs. On peut dire que nous traversons une petite crise. Mais je crois que c’est le cas de toutes les associations qui s’appuient sur le bénévolat. Nous avons des difficultés à avoir des bénévoles. Nous nous rendons compte que c’est toujours sur les mêmes que nous nous appuyons, avec le risque de les fatiguer. Pour éviter ces désagréments, nous venons de mettre en place des commissions. Nous avons ainsi créé une commission qui se chargera de l’animation, une autre de la restauration. Nous avons aussi mis en place une commission entraide. Ils auront pour but de canaliser les énérgies pour que chacun soit sollicité dans ce qu’il aime. Nous allons, par ailleurs, organiser une journée le 13 décembre pour faire le point sur le fonctionnement de la Maison Basque afin de mieux répondre aux besoins réels.
![]() |
|
Repas le jour de l'inauguration. |
En deux mot, comment fonctionne la Maison Basque ?
C’est une association qui fonctionne grâce à un directeur et une gardienne à plein temps, ainsi qu’une secrétaire à mi-temps. Mais elle ne serait rien sans ses adhérents bénévoles. Nous comptons 700 adhérents. La Maison elle-même accueille huit associations. L’une d’entre elle est Sustraiak – Erroak. Elle donne la possibilité d’apprendre le basque à dans les locaux de la maison. Et ça marche. Le nombre des élèves ne cesse d’augmenter, et en plus, beaucoup d’entre eux ont commencé à apprendre le basque à Paris. Le fait d’être loin peut aider à prendre conscience de son identité. Ils peuvent trouver ce lien à la Maison Basque. Ainsi, les associations proposent différentes activités toujours en lien avec la culture basque. Gazteria et Pinpirinak se chargent de la danse basque, Gernika, Anaiki et Hegoa, des chants. Nous donnons aussi la possibilité d’apprendre à jouer à la Pelote basque. Actuellement, nous en sommes à 100 licenciés. Euskalduna, pour sa part, est la plus ancienne des associations. A l’époque où il n’était pas si facile de descendre de Paris, elle organisait des trains pour pouvoir accompagner les enfants en vacances. La plus jeune des associations est Zabaltzen. Elle organise, notamment, des concerts à la Maison basque. Il existe aussi une association humanitaire Lokarria, qui œuvre en faveur des familles des prisonniers basques. Par ailleurs, nous avons un journal Elgar qui paraît tous les mois.
Vous avez inauguré la nouvelle adresse le 4 octobre lors d’une fête qui a réunit plus de 400 personnes, mais la maison n’est pas encore teminée, il reste beaucoup à faire?
Tout l’extérieur est à refaire, en plus de certains locaux. Or, pour l’instant nous n’avons plus l’argent pour cela. Jusqu’à maintenant, nous nous sommes servi de l’argent perçu grâce à la vente de l’ancienne résidence. Le gouvernement basque nous aide (28.000 euros) ainsi que le Conseil Générale des Pyrénées Atlantique (10.000 euros), mais leur argent ne peut nous servir qu’à financer des activités culturelles.
![]() |
Piarres Xarritton faisant un discours le jour de l'inauguration. Second plan : Lamerens Xarritton l'un des fondateurs de la Maison Basque de Paris. |
Néamoins la maison est maintenant à vous, elle a 2143 m2, comment allez-vous vous en servir?
Tout dépend à qui on s’adresse. Les personnes qui sont d’un certain âge aiment des repas conviviaux pour se retrouver. Nous organisions déjà ce genre d’événement auparavant, nous allons continuer. Mais, nous recherchons aussi de nouvelles voies à explorer. Nous nous sommes, par exemple, rapprochés de l’Institut Culturelle Basque, pour pouvoir ainsi présenter à Paris ce qui se produit au Pays basque. Un des buts, au niveau culturel, est de créer quelques événements, à notre dimension, afin de pouvoir montrer la culture basque telle qu’elle se fait de nos jours. Nous pouvons, en effet, profiter du fait de ne pas être trop éloigné du Pays basque.
![]() |
|
Les joueurs de gaïta le jour de l'inauguration. |
L’une des particularités de la Maison Basque est son foyer des jeunes, pouvez nous en dire plus?
Lorsqu’on arrive à Paris, il n’est pas toujours facile de trouver un logement pour des étudiants ou des jeunes travailleurs. Je le sais, pour l’avoir vécu. J’étais très content d’arriver sans ce souci là. A Paris, les studios sont en moyenne à 600 euros par mois. Et en plus, les propriétaires hésitent souvent à louer. La Maison Basque propose des chambres avec douche, toilette et cuisine à partager pour moins de la moitié, sachant que la plupart des locataires peuvent bénéficier d’aides au logement. Nous pouvons en loger 22. La durée est néanmoins limité à 10 mois, le temps que les jeunes puissent apprendre à se débrouiller tout seul. Mais je pense qu’il ne faut pas s’arrêter là. Il faudrait créer un réseau pour que ces jeunes, lorsqu’ils quittent la maison puissent trouver un appartenant, et pourquoi pas un travail. Il faut pour cela que les propriétaires qui ont un appartement aient le réflexe de nous contacter. Nous pourrions nous porter garant des futurs locataires. Je pense que c’est un rôle social important que nous avons à jouer.
Quel place prend la politique au sein de la Maison Basque?
Nous acceptons toutes les idées. Pour un bon fonctionnement de la Maison Basque, nous devons pouvoir accueillir tout le monde. Moi, personnellement en tant que président, je ne peux pas prendre parti. C’est une petite maison, il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde. Par exemple, durant le mois de novembre une journée de soutien aux prisonniers basque sera organisée à l’occasion des 20 ans de la disparition de Popo. De tout temps, tout le monde était accepté. C’est un choix qui a été fait depuis le début de la Maison Basque. Pendant le Franquisme, des réfugiés basques se retrouvaient à la Maison basque, en particulier au sein de la chorale Gernika. A l’époque, le gouvernement en exil était installé à 50 mètres de la Maison Basque.
![]() |
Façade de l'ancienne Maison Basque. |
L’inauguration a débuté par une messe dans une des salles de la Maison Basque, quelles relations entretient l’association avec l’Eglise?
L’association a été créée par une branche du MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne) dont faisait parti Piarres Xarritton qui était à l’époque lié à l’Évêché de Bayonne. A cette époque, beaucoup de souscriptions sont arrivés des paroisses, notamment de la Soule. En effet, Il y a 50 ans les basques qui arrivaient à Paris venaient surtout de l’intérieur du Pays basque Nord. De plus, la Maison basque a aussi logé un aumonier des basques durant de très nombreuses années. Actuellement, il y a toujours un aumonier des basques à Paris, mais il n’est plus logé à la Maison Basque. Il donne une messe tout les mois dans une des salle de la maison, beaucoup de nos adhérents la souhaite. Elle se déroule dans la même salle où nous pouvons organiser un concert la veille. Au fond, c’est peut-être un autre village basque. Certains se retrouvent à la messe, d’autres à la fête. Mais, il est important de souligner que la Maison est ouverte à tous, même si la majorité est catholique. C’est comme pour la politique, il n’y a pas d’obligation, il faut apporter du sien tout en respectant l’autre. La maison est trop petite pour qu’il y ait des querelles partisanes.
Al alcance de la mano
Comunicación Básica en euskara-castellano
À portée de main
Communication basique en euskara-français
![]() |
Aurreko Aleetan |