Maitane
Arizti, Naroa
Azurmendi, Adur
Basurko Pérez de Arenaza, Etor
Garat, Xabier
Harlouchet, Haritz
Macicior, Urko
Rodriguez, Michel
Usereau
Jatorrizko bertsioa euskaraz
Il y a longtemps qu’au Pays Basque, de nombreuses personnes trouvent beaucoup de raisons pour justifier le fait qu’ils ne parlent pas le basque. Pour aider ces personnes à s’intéresser à la langue basque, le texte «Québécois et bascophones ! 1/2» mentionnait le chemin parcouru par deux Québécois qui ont appris le basque. Dans cet article, deux autres Québécois nous montreront comment et pourquoi ils ont appris la langue basque, en nous précisant les moyens qu’ils ont pour maintenir les liens avec l’euskara (i.e. la langue basque) et le Pays Basque.
www.euskaldunakquebec.com |
Nous vous souhaitons une bonne lecture !
Marc Sardi :
L’entrevue ci-dessous a été entièrement réalisée en basque, tant de la part de l’intervieweur que de la part de Marc Sardi.
Présentation
Marc Sardi est un autre Québécois ayant appris le basque. Sa famille est originaire du pourtour méditerranéen (Liban, Grèce, Syrie et Italie), mais Marc est né dans la ville de Québec. Quand il avait trois ans, ses parents sont venus vivre à Montréal.
Il a fait des études en biologie, se spécialisant dans le domaine des plantes et des animaux, avec un intérêt particulier pour les oiseaux (modes de vie, habitudes, etc.). Sa langue maternelle est le français, mais il maitrise aussi les langues anglaise et italienne : la première a été apprise dans la rue et la seconde à l’école. Aujourd'hui, à 29 ans, il maitrise une 4e langue : l’euskara.
Comment as-tu appris le basque ?
Tout d’abord, j’ai étudié tout seul pendant près d’un an, avec deux méthodes différentes. La première est une méthode d’apprentissage en français, « Assimil : Le basque unifié ». Tous les jours, dans le métro, au café du coin ou à la maison, je faisais une partie d’une leçon. La deuxième méthode est en anglais, écrite par Alan King : « The Basque Language ». Les deux méthodes sont fort différentes mais m’ont été très utiles. Après avoir étudié par moi-même, j’ai eu l’aide d’amis. En effet, ces derniers avaient organisé un cours de basque à Montréal et j'ai décidé d’y participer. À cette époque, le cours était composé de deux niveaux : le premier pour les non-bascophones et le second pour les bascophones souhaitant pratiquer la langue. J’ai participé aux deux niveaux. J’avais aussi l'occasion de parler avec mes amis, Xabier et Uhaina, qui faisaient partie de l’équipe des professeurs. Je leur posais des questions et eux à leur tour m’en posaient, ce qui fait que je prenais l’habitude de parler. J’ai suivi ces cours environ un an et demi. Durant cette période, j’ai lu dix livres de la collection « Irakurmendi ». Cette collection, avec ses six niveaux de difficulté, propose aux personnes apprenant le basque des traductions simplifiées d'œuvres littéraires. J’ai réussi à lire les livres jusqu’au troisième niveau. Enfin, on peut dire que ça fait deux ans et demi que je suis en train d’apprendre le basque.
Pourquoi as-tu appris le basque ?
Même si la langue basque me paraissait très intéressante, je ne voulais pas l’apprendre avant d’aller au Pays Basque, car elle me paraissait difficile. Mais en visitant le Pays Basque, le Pays m’a semblé intéressant et sa culture très riche. Dans plusieurs endroits, j’ai pu entendre le basque : à Baiona, Urepele et Donostia. Par contre, dans d’autres, non. Ainsi, j’ai participé à une recherche sur les oiseaux à Organbidexka, et là, on n'entendait presque pas le basque. Comme j’ai quand même beaucoup entendu la langue basque durant mon séjour, cela m’a donné envie de l’apprendre. Je me suis fait des amis, j’ai connu la musique, et à partir de là j’ai voulu apprendre la langue basque! De retour à Montréal, je ne connaissais que quelques mots, mais j’avais envie d’apprendre. C’est ce que je fais depuis deux ans et demi.
Que t'a apporté la langue basque ?
J’ai découvert une autre facette de mon monde : le Pays Basque et sa culture. Ainsi, ma connaissance des cultures du monde s’est enrichie. C’est pour cela que toutes les cultures sont importantes : elles nous font découvrir le monde. D’autre part, grâce à l’euskara, j’ai connu des chanteurs, des musiciens et des groupes de musique, comme Ken Zazpi, Bide Ertzean, Mikel Laboa, Xabier Lete, Aire Ahizpak, etc.
Qu’est-ce qui te plait/déplait au Pays Basque ?
· Quels sont les points communs entre le Pays Basque et le Québec?
L’histoire du Québec est plus récente que celle du Pays Basque. À mon avis, le Pays Basque est un pays qui a déjà une longue histoire et dont la culture est plus riche. D’autre part, nous vivons en Amérique du Nord et cela se voit partout : les produits dans les commerces, la nourriture, etc., sont assez différents. Au niveau de la langue aussi, il y a une différence. Ici, tout est en français : la signalisation, les lois, l’éducation. Le français est présent aux quatre coins du Québec. Pour obtenir la même situation au Pays Basque, il faudra encore beaucoup de travail : expliquer aux gens que le basque doit être présent partout, enseigner le basque à ceux qui ne le savent pas, etc.
· Les différences entre le Pays Basque et le Québec?
Les deux pays sont des cultures minoritaires au milieu de cultures dominantes. Pour les protéger, les deux pays veulent leur indépendance.
Comment peut-on rester bascophone au Québec :
· Liens entre le Pays Basque et le Québec (voyages, internet, visites venant du Pays Basque, etc.).
En fait, j’ai beaucoup d’amis euskaldun (bascophones), et quand ils viennent à Montréal, c’est pour moi une occasion d’apprendre le basque ! De plus, je continue à pratiquer le basque en écrivant des emails. Aussi, je n’ai pas arrêté de lire la collection « Irakurmendi » et d'écouter la musique basque !
· L’association des basques et le cours de basque de Montréal sont-ils utiles ?
Dans l’association, il y a des Basques et des Québécois. Parmi les membres et sympathisants, peu parlent le basque. C’est pour cela que les cours de basque ont été organisés. Pour moi, c’est l’idéal : j’adore être entouré de bascophones et les cours sont une excellente occasion d'écouter et de parler le basque en bonne compagnie !
Éric Barrette :
Présentation
Éric Barrette est un jeune Québécois de 35 ans. Il est décorateur de profession. Il se considère un militant orphelin, dû au fait que le Québec n’a pas de mouvement indépendantiste. Ayant un grand intérêt pour les différents pays du monde, il a eu l’occasion de connaitre de plus près les réalités de l’Irlande, du Mexique. du Panama, de la Corse… et du Pays Basque ! L’entrevue a eu lieu durant une journée froide de Montréal et a donné à Éric l’occasion de dérouiller son basque.
Comment as-tu appris le basque?
Il y a de cela 8 ans, j’avais acheté une méthode de basque assez sommaire, qui en fait m’a appris des formules que je n’ai jamais eu l’occasion d’entendre au Pays Basque ! Après un mois d’étude en solitaire, je partais pour le Pays Basque, dans un Pays qui utilisait une langue que je n’avais jamais entendue ni parlée ! Je suis allé dans un cours intensif à Urepele pendant deux semaines, mais je n’en pouvais plus au bout de la première semaine. Je dois reconnaitre que le cours fut utile pour comprendre la structure de la langue. Dans ce premier voyage, qui dura deux mois, j’essayais de pratiquer le basque avec les amis que je m'étais faits. L’année suivante par contre, j’étais parti faire un stage de menuisier au Pays Basque nord durant trois mois. Comme j’utilisais le basque et le français avec mon maitre de stage, c’est plutôt dans la rue que j’ai appris le basque. Surtout au Pays Basque sud, où je n’avais pas la tentation d’utiliser le français. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je n’avais pas appris l’espagnol avant mon départ, pour ne pas céder à la tentation. J'étais quand même retourné à un autre cours intensif de deux semaines, trois années plus tard. Ils m’avaient mis au troisième niveau, mais ça avait été trop avancé pour moi. Depuis ce temps-là, c’est la méthode Bakarka que j’utilise pour apprendre la basque. Enfin, comme je ne suis pas du tout méthodique pour apprendre une langue, je préfère me faire l’oreille dans la rue en discutant avec les gens !
Pourquoi avoir appris le basque ?
Je voulais connaitre la situation d’oppression que connaissaient les autres de l’intérieur. Cependant mon premier choix, c’était l’Irlande. Mais j’avais assez vite vu qu’il n’y avait pas beaucoup d’options pour apprendre le gaélique et donc j’avais choisi le Pays Basque. D’autre part, il y a, au Québec, une certaine sensibilité par rapport aux langues. C’est pour cela que je voulais parler la langue du pays que je voulais connaitre ! Enfin, la relation que j’ai avec la langue basque n’est pas d’un point de vue linguistique. Elle est due au fait que la maitrise de la langue me permet à coup sûr de mieux connaitre le pays de cette langue.
Que t'a apporté la langue basque ?
Comme je vous l’ai dit, j’ai eu l’occasion de mieux connaitre le Pays Basque. D’autre part, au moment d’établir les liens, le basque m’a beaucoup facilité la tâche. D’ailleurs, il me semble que d’établir des relations au Pays Basque n’est pas une mission si facile que ça, en tout cas dans le monde abertzale. Le basque m’a beaucoup aidé dans ce sens. En fait, c’est plutôt le début qui est facile, mais une fois les liens établis, c’est les bras ouverts qu’on me recevait. Enfin, le fait de connaitre des chanteurs basques et de comprendre leur musique a été pour moi un grand plaisir. La lecture en basque est restée mon point faible, ce qui fait que je ne connais pas beaucoup d’écrivains basques.
Qu’est-ce qui te plait/déplait au Pays Basque ?
Les Basques vivent dans la rue ou les places. C’est un vrai spectacle, la vie dans la rue du Pays Basque. De ce point de vue, on peut vraiment dire que les relations entre les Basques sont plus chaleureuses que celles de la société plus individualiste du Québec. Ainsi, on trouve au Pays Basque une réponse plus collective aux problèmes de société. Les composantes de la culture basque sont acceptées en toute fierté (la langue, la musique, la danse, la cuisine, etc.). Ce fut une surprise pour moi de voir comment, dans les bars, on peut retrouver des personnes de différentes générations, et de voir la jeunesse basque chanter des chansons populaires et écouter la musique du pays.
En fait , c’est peut-être cette fierté qui rend les Basques un peu plus fermés. Non seulement au moment de faire de nouvelles relations, mais au moment de s’ouvrir au monde. Ainsi, ils semblent moins enclin à faire des efforts pour découvrir d’autres cultures, langues, nourritures, musiques, etc.
. Les différences entre le Pays Basque et le Québec?
Au Québec par contre, il n’y a pas cette fierté culturelle, et c’est pour cela que les autres sont toujours meilleurs. Ainsi, nous sommes bien plus ouverts aux autres cultures, aux dépens même de notre propre culture. Essayez de trouver un restaurant de cuisine québécoise au Québec ?!? Presque impossible. Il en est de même dans le domaine de la langue. Il y a un complexe par rapport au français de France (qui est le «bon parler») et la population a du mal a reconnaitre qu’il y a une variante du français au Québec tout à fait respectable. Personnellement, il me semble que l’aliénation de la société québécoise est la conséquence de l’oppression et de l’assimilation, tandis que la fierté de la société basque est la réponse à une oppression. Moi, j’aimerais trouver ma voie intermédiaire entre l’aliénation totale et la fierté totale !
. Les points communs entre le Pays Basque et le Québec?
Je ne peux répondre à cette question, car il m’est toujours plus facile de mentionner les différences. Peut-être la question nationale, mais les deux réalités ne sont pas comparables.
Comment peut-on rester bascophone au Québec :
La principale méthode d’apprentissage du basque consiste à aller au Pays Basque. Dans les huit dernières années, j’y suis allé six fois pour des séjours de deux à cinq mois. À part ça, j’essaie d’utiliser quelques livres. Mais il m’est très difficile d’apprendre le basque hors du Pays Basque. Pour moi, la langue basque fait partie d’un tout et c’est pour cela que quand je suis au Pays Basque, je l’apprends en fonction des besoins du moment. Plus que pour la langue, c’est pour le pays que j’ai une affection. Mais comme la langue et le pays vont de pair, j’apprends le basque ! En effet, le Pays Basque n’existe pas sans la langue basque !
Aurreko Aleetan |