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Que peut la Projectique face à la crise

Notre compréhension de la crise que traversent les sociétés humaines aujourd’hui est une compréhension se voulant globale. Le modèle de développement occidental n’est plus aujourd’hui un modèle soutenable. Certains grands pays en développement et les principaux acteurs qui les animent, grandes entreprises, banques, institutions, politiciens...) s’y sont engouffrés ces dernières années, précisément en recherche de leur développement, pour « mieux » faire que leurs aînés, pour faire plus, pour faire moins cher, pour rentrer dans la logique du système, bref pour « jouer dans la cour des grands », accentuant fortement la tendance propre du système à accentuer l’ensemble des porte-à-faux sur lesquels il a construit sa croissance de ces dernières années...

A notre sens, ce modèle de développement, de plus en plus financiarisé, de plus en plus fondé sur le « toujours plus », n’est plus soutenable. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, sans changement des base de l’organisation sociale et de sa régulation au niveau du monde, il est à craindre que les crises se succèdent, de plus en plus rapprochées et de plus en plus profondes et rendent les responsables incapables de faire face aux grands défis de ce siècle, en particulier aux défis liés à la survenue de LA crise systémique qui menace de précipiter nos sociétés dans le chaos et aux défis liés à la misère et à l’écologie.

La grande erreur serait cependant d’attendre que le problème soit réglé d’en haut, par une autorité mondiale qui de toutes façons n’existe pas, mais qui si elle existant ne possèderait qu’une partie des clés ou par une prise de conscience des grands acteurs qui d’un seul coup feraient collectivement leur acte de contrition. Au contraire, il nous faut considérer que les clés sont à tous les niveaux de décision et d’initiative. On y est obligé, on n’a plus le choix ! Il en va de la survie de l’humanité. Les différents acteurs doivent inventer leur partition de demain dans le concert des du monde. Il faut innover, à tous les niveaux, inventer une innovation responsable, qui à son tour permette de faire émerger d’autres moteurs que la compétition pure et le profit financier purs qui mènent l’humanité à sa perte. Il faut innover sur les aspects technico-économiques évidemment, mais aussi sur les aspects organisationnels et sociaux... Les enjeux sont immenses et concernent l’entreprise, bien sûr, mais les personnes et la société aussi, dans leurs activités et leurs responsabilités quotidiennes ainsi que dans leurs initiatives citoyennes. La Projectique est convoquée car tout cela s’organise, en tous cas pour la partie qui s’organise, en projet...

Mila Beldarrain

Foto: jordigraells

Le fameux don/contre-don que Marcel Mauss définissait comme ciment des sociétés doit être mis au centre de l’activité humaine. Une société (donc les personnes et les entités qui la font) qui n’envisage ce qu’elle « donne » que comme moyen de générer un maximum de possibilités de « prendre » est fondamentalement irresponsable et court à sa perte. Cette réorientation doit être construite, au quotidien, dans les activités et les mentalités de chacun. Tant mieux si les grands de ce monde le comprennent aussi et ont le courage et l’intelligence de le mettre en œuvre... Mais c’est aussi la responsabilité de chacun de commencer à son échelle à faire autrement : initiative et solidarité sont les deux grandes classes de valeurs qu’il faut systématiquement tricoter ensemble. Cela passe, à tous les niveaux, par des initiatives innovantes allant dans ce sens. Tous les projets devraient être colorés par ces nécessités, mais aussi ces nécessités, en tant que telles, devraient faire l’objet de grands projets spécifiques au niveau de toutes les unités d’organisation sociale... La mise en cohérence et en interaction de ces deux niveaux devant elle aussi être inventée par les dynamiques sociales.

Dans le fil des travaux sur la complexité, l’émergence et l’éco-auto-organisation, il est important de comprendre les dynamiques sociales (au sens large : entrepreneuriales, technologiques, organisationnelles, idéologiques, culturelles, sociétales...) comme des mouvements « browniens » plus que comme des développements planifiés par des stratégies planifiées venant d’en haut. En tous cas, cette vision n’est pas suffisante, il faut comprendre ces mouvements comme un ensemble de chocs de microdécisions et de micro stratégies changeantes, adaptatives... dont la résultante est bien difficile à conceptualiser et donc à planifier a priori. Les fonctionnements « bottom-up » et transversaux doivent être considérés comme importants dans l’appréhension des dynamiques sociales. Les choses peuvent aussi se construire par le « bas ». Reste à inventer les façons de produire de la cohérence à partir de ces initiatives et à faire en sorte que ces développements se nourrissent les uns les autres de façon systémique dans le sens de la soutenabilité. C’est là un des grands enjeux de notre époque... La Projectique a certainement son mot à y dire.

C’est pourquoi les initiatives entrepreneuriales (au sens large du terme) en termes de création, d’innovation et de développement de réseaux sont importantes. Il est majeur qu’elles intègrent la préoccupation de leur impact social. Le développement de réseaux sociaux, les initiatives coopératives et mutualistes méritent toute notre attention. Elles peuvent être porteuses d’une autre logique, plus solidaire, plus socialement responsable, qui peut rompre avec le « toujours plus » ci-dessus évoqué qui mène forcément à la crise et nous aider à générer et à développer d’autres valeurs et d’autres raisons d’agir. La tâche est immense et notre conviction est qu’il faut sans tarder travailler dans ce sens avec détermination. Il s’agit de prolonger les expériences porteuses de sens positif et d’inventer, par la pratique, là où elles n’existent pas, les modalités de la construction d’un futur soutenable. Là aussi, à l’évidence, la Projectique a son mot à dire.

Les champs sur lesquels nous voudrions donc travailler cette année dans les Journées de Projectique sont ces champs de la construction d’une société de l’innovation responsable. Il nous semble que c’est la seule voie porteuse d’un avenir qui ne soit pas la catastrophe et la barbarie systématique.

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