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Natalie MOREL BOTRORA
Le terme de « territoire » s’emploie de plus en plus, au sens propre comme au sens figuré. Le confronter à celui de « musique » nous engage à une série de rapprochements et de questionnements qu’il nous a semblé intéressant d’aborder.
Avec l’invention des nations, à partir de la fin du XVIIIème siècle, le lien entre une musique et la terre qui la voit naître s’inverse, ou plus exactement s’établit dans les deux sens : dans une perspective nationale, c’est la musique —entre autres— qui crée la nation et son territoire, comme l’a bien montré Anne-Marie Thiesse (La création des identités nationales, Paris, Seuil, 1999), et c’est la construction identitaire qui pousse à l’élaboration d’un répertoire national. Les « écoles nationales » qui ont fleuri dans l’Europe romantique et jusqu’au début du XXème siècle ont représenté la forme majeure, dans la musique savante, de cette interdépendance, au moment où l’ethnographie puis l’ethnomusicologie établissaient des corrélations similaires dans le domaine de ce que l’on appelait le folklore - et c’est le territoire, au sens du terroir considéré comme influant sur ses habitants, qui réunit les deux. Il reste encore à faire pour explorer ce phénomène et pour continuer à en écrire le récit dans cette perspective.
Aujourd’hui, le lien national, s’il existe toujours, s’adaptant à la vie moderne et à la mondialisation, n’est peut-être plus aussi pertinent pour envisager tous les rapports entre des expressions et des pratiques musicales et une aire géographique. Si une dimension d’ordre politico-national subsiste, elle est en grande partie le fait, bien souvent, de l’application de politiques culturelles ou de répercussions économiques (par le biais de l’industrie du spectacle ou du tourisme par exemple). Le territoire peut également correspondre à une zone qui présente certaines caractéristiques sans formuler de revendication globale particulière.
De plus, ce terme n’est plus à entendre uniquement comme un lieu géographiquement identifié (cette « étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain » telle que le définit le Petit Robert), mais comme un emplacement dématérialisé, virtuel : il n’y a plus seulement une mosaïque de musiques nationales ou régionales, mais des « espaces » qui peuvent transcender les frontières, et qui rassemblent en fonction de critères (ou de combinaisons de critères) qui ne sont plus ceux d’une « communauté imaginée » (Benedict Anderson) liée à une terre : classes d’âge, strates sociales, options esthétiques, etc.
Les transformations des pratiques culturelles, le brassage des populations, le développement des nouvelles technologies contribuent à modifier la donne. Les identités sont multiples et mobiles, elles se superposent. L’appréhension de la dynamique entre musique et territoire ne se cantonne plus à la dimension nationale (et l’on peut d’ailleurs s’interroger : comment la musique, le patrimoine musical et le territoire se conjuguent-ils aujourd’hui ?), et renouvelle la problématique de la représentation identitaire.
Musiker 17 propose une approche pluridisciplinaire de cette question pour mieux la cerner : outre les outils « traditionnels » fournis par l’analyse musicale et la musicologie historique, on peut envisager les contributions de de l’anthropologie, de la sociologie ou de l’ethnologie. Comment reçoit-on une musique en fonction de son inscription dans un territoire ? Comment la musique permet-elle la constitution et la diffusion de nouveaux imaginaires et de représentations territoriales ? Comment se dessinent aujourd’hui les cartographies musicales ?
Opinion des lecteurs:
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